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Yannick Nézet-Séguin rejoint ses illustres aînés dans Ravel

Le chef d'orchestre canadien est des jeunes baguettes que l'on s'arrache.

Invité par les grandes phalanges, il est déjà chef invité privilégié au London Philharmonic, il a succédé à Valery Gergiev comme directeur musical de l' et il a ses habitudes au festival de Salzbourg où il va diriger, l'été, prochain, deux opéras !

EMI lui offre donc la possibilité de graver un premier album symphonique avec son nouvel orchestre. L' s'est toujours imposé comme un orchestre néerlandais de haut vol mais on ne s'attendait pas à un tel résultat sur la pâte orchestrale qui sonne réellement «française». La phalange batave est composée d'instrumentistes néerlandais et de russes, venus avec Gergiev, mais de l'articulation des cordes aux dialogues des vents, cette formation sonne plus française que française. Les musiciens se rappellent brillamment les leçons prodiguées par Jean Fournet qui fut leur chef principal au tournant des années 1960. Mais sous une battue inspirée et en phase avec cette musique, le résultat est exceptionnel.

Il suffit d'écouter les Valses nobles et sentimentales pour se convaincre de la compréhension exemplaire de cette musique. Si difficiles à cerner dans leur globalité et en détail avec un équilibre délicat à obtenir entre les pupitres, ces huit pièces connaissent ici une interprétation idéale. Yannick Nézet-Seguin fait danser avec élégance et nostalgie cette musique : les textures sont claires, limpides et le travail sur la transparence des vents donne une impression d'évidence et de naturel que l'on ne retrouve que chez les grands comme Munch ou Ozawa. Il en va de même pour La Valse emportée avec sens du tragique mais avec une attention envers certaines interventions orchestrales qui font saillir la masse orchestrale.

La suite de Ma Mère l'Oye est bercée avec douceur et amour tandis que la suite n°2 de Daphnis et Chloé s'affirme avec puissance et sens du théâtre. Les transitions comme à la fin du «lever du jour» ou au début de la «danse générale» explosent avec une énergie toute dionysiaque.

Il y avait Munch (RCA et EMI), Martinon (EMI), Boulez (Sony et DGG), Ozawa (DGG), Abbado (DGG), il faut désormais ajouter Nézet-Seguin qui n'a rien à céder à ses illustres aînés.

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