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Musique, leçon et tartelettes

Les concerts commentés de Cantabile

Le concert commenté : voici le pari de Cantabile. Cela consiste d'abord en une première partie où alternent œuvres et explications de ces mêmes œuvres par les interprètes. Puis, une seconde partie purement musicale comporte quelques-unes des œuvres précédemment expliquées, ainsi que des nouvelles. C'est un pari délicat, qui demande non seulement d'être un bon concertiste, mais également un bon pédagogue et un bon orateur.

Et en arrivant au théâtre du Ranelagh, l'ambiance nous donne l'impression d'aller assister à une soirée privée avec buffet dans le salon de quelque mélomane généreux, plutôt qu'à un véritable concert professionnel. Cela comportait, étonnamment, un certain charme. Pour ce concert, le programme choisi était nommé «Harmonies Françaises du XXème siècle», comportant des œuvres de Fauré, Ravel et Dutilleux, pour piano solo ou piano et voix. Un programme relativement moderne donc, ce qui ajoutait à la difficulté d'intéresser un public pas forcément expert en la matière.

Fériel Kaddour, pianiste et musicologue, préfère, avec raison, un bon exemple pratique à des explications trop techniques, et nous transmet efficacement sa passion. Et cela d'autant plus qu'elle est une exécutante au jeu habile, précis et agréable, accompagnant très bien la voix de . Son seul défaut : elle lit ses notes sur scène, ce qui gâche tout de même un peu ce joli tableau. , quant à lui, est un pianiste qui apparaît crispé et trop souvent brouillon au niveau des nuances, du tempo et du rythme, en particulier dans les passages lents (malgré une agilité indéniable dans les traits). Il parvient tout de même à nous faire ressentir de belles choses dans son exécution de trois des Miroirs de Ravel. Le baryton ne fournit pas d'explications au public, mais est assez agréable à écouter chanter, et possède le grand avantage d'être extrêmement compréhensible : c'est à peine si on a besoin du livret pour découvrir ou redécouvrir les poèmes qu'utilisèrent Ravel, Fauré et Dutilleux pour leurs mélodies. En revanche, son jeu d'acteur correspond mieux à la Chanson à boire du Don Quichotte à Dulcinée de Ravel qu'aux sombres Sonnets de Jean Cassou de Dutilleux…

De façon générale, les explications des deux pianistes semblent plutôt destinées à un public non averti qui veut découvrir la musique plutôt qu'à des initiés. Elles tendent vers le simplisme, le trop complexe ou le cliché, sans jamais tomber totalement dans ces travers, et au final, les commentateurs nous proposent un discours le plus souvent clair et probant, et qui intéressera très probablement les néophytes.

Crédit photographique : Geoffray Couteau © DR

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