Claudio Abbado a toujours eu une passion pour les musiques viennoises du tournant des XIXe et XXe siècles. Mahler, Berg, Webern et Schœnberg sont des compositeurs qui lui réussissent particulièrement bien et le mélomane peut compter sur des disques majeurs enregistrés avec l'orchestre philharmonique de Vienne (DGG). C'est justement à Vienne et dans la salle historique du Musikverein de Vienne que le chef, à la tête de «son» orchestre des jeunes Gustav Mahler dont il est le fondateur, offre deux chefs d'œuvre de cette période d'expérimentations artistiques.
Dans Pelleas et Melisande de Schœnberg, partition à l'effectif gigantesque, le chef impose une lecture subtile basée sur la lisibilité des phrasés et sur un équilibre qui valorise la délicatesse des équilibres instrumentaux entre les pupitres. Très équilibrée, cette lecture ne perd pas de vue l'unité de la partition et le sens de la narration de ce qui reste un poème symphonique et non un morceau de musique pure. L'orchestre répond aux moindres sollicitations de la baguette de son chef avec l'enthousiasme de la jeunesse. Pour faciliter la compréhension de la partition, Claudio Abbado a fait réaliser un petit documentaire qui présente l'œuvre et son contexte. Pendant l'interprétation, des sous-titres précisent les différents thèmes de la partition. C'est fait avec esprit pédagogique et synthétique et c'est assurément un modèle à suivre pour l'édition de concert en DVD.
La symphonie n°4 est bien connue que Claudio Abbado qui en livre ici sa troisième interprétation archivée sur disque ou DVD. Le chef cerne, avec amour et passion, cette partition avec une direction assez rapide qui fait danser les notes, avec joliesse et nostalgie, tandis que son geste reste toujours attentionné aux nuances et aux dynamiques. Une lecture d'une grande beauté plastique et d'un style racé.