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Katia et Marielle Labèque : habilité technique et créativité

Soirée sous le signe des danses franco-espagnoles pour les sœurs Labèque. Au programme du premier entracte sept des douze impressions composées par Albeniz et réunies dans l'œuvre de grande envergure Iberia. A l'exception de Triana arrangé par Granados, tous les arrangements sont le fruit du travail d' et d'Albert Amargós sous commande de la fondation KML. Les sœurs pianistes évoquent les atmosphères ibériques avec élan et vigueur faisant preuve de toute leur habilité technique outre que d'une excellente intuition interprétative. Le jeu mélancolique et presque douloureux d'Evocaciòn, le rythme mordant de El Puerto, la luminosité sonore de Triana culminent dans la célébration exaltante de Corpus. Les rythmes et harmonies folkloriques suggèrent le climat d'exaltation religieuse, le jeu sonore raffiné et extrêmement fascinante des deux pianistes imprime à ce tableau sonore les couleurs chaudes et envoutantes des paysages espagnols.

Après l'entracte, les atmosphères calientes cèdent la place aux esquisses de Debussy, Nuages et Fêtes dont l'idylle est interrompue par la mauvaise habitude d'un public qui trop souvent oublie d'éteindre le portable. Le Bolero de Ravel avec une adaptation des percussions basques est sans doute la touche finale de créativité des Labèque. Certes l'originalité de cet arrangement ne peut pas rivaliser avec l'orchestration originale. Cependant l'art des pianistes de transformer graduellement une cellule mélodique qui vient de loin, qui d'un écho devient une masse sonore de majestueuses dimensions, éclaire l'œuvre sous un jour nouveau. L'introduction des percussions basques ajoutent au duo un atout de classe et des couleurs sonores à la fois inédites et bizarres que l'auditoire semble apprécier sans réserve. Pas de bis mais en revanche un air populaire basque entonné par et avec la complicité du public.

Crédit photographique : © DR

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