- ResMusica - https://www.resmusica.com -

Don Giovanni par Sawallisch : émouvante trouvaille

Le 30 mars 1960 reste à jamais gravé dans la mémoire de . Ce soir-là, le jeune directeur musical de l'Opéra de Cologne dirigea une nouvelle production de Don Giovanni. Et quelle production !

faisait ses débuts dans le rôle-titre, chanta son premier Don Ottavio – aux côtés d', de , et . Si jamais il y avait un enregistrement de cette première, dit Sawallisch au journaliste allemand lors d'une interview en mars dernier. Voigt commence à faire des recherches – et trouve ! Depuis bientôt 50 ans, les bandes sonores de cette mémorable soirée somnolaient aux archives de l'Opéra de Cologne. Et plus encore : ils sont en bon état !

Quelques mois seulement après la découverte, la Deutsche Grammophone publie cet enregistrement historique. Et en effet, il s'agit d'un Don Giovanni tellement captivant que l'on en oublie presque qu'il soit chanté, selon les habitudes de l'époque, en traduction allemande. Ce qui frappe le plus à l'écoute de ces trois disques est la fraîcheur, voire l'étonnante modernité de l'interprétation. Ainsi , dont les tempi ne sont pas sans rappeler un certain René Jacobs, évite à la fois le monumentalisme d'un Furtwängler et les attendrissements de l'ancienne école viennoise, nous offrant une lecture plein de fougue et d'entrain, plus dramma que giocoso certes, mais d'une admirable cohérence. est un Don Juan jeune et vibrant d'énergie, tour à tour doux et agressif, séducteur et hautain – et vocalement en état de grâce. À ses côtés, est un Leporello plutôt cynique, dans la diction mordante compense un timbre manquant parfois d'ampleur. Exceptionnels, en revanche, , impressionnant Commendatore, et , merveilleux Don Ottavio. Noble, mais sans aucune fadeur, il nous offre un « Dalla sua pace » tendre et rêveur avant de se lancer dans un « Il mio tesoro » viril et combattif. Sa bien-aimée trouve en une interprète de haute envergure et une mozartienne de premier ordre. , plus connue pour ses incarnations verdiennes et straussiennes, est une Elvira dramatique, aux aigus flamboyants, et très touchante dans son grand air du deuxième acte. Le trio féminin est enfin complété par la charmante Zerline de . Âgée de 22 ans à l'époque, elle possède la fraîcheur juvénile dans le timbre que requiert ce rôle. Et pourtant elle n'a rien d'une soubrette. Au contraire, cette jeune paysanne est très sûre d'elle et ne rendra pas facile la vie de son Masetto (solide ).

Au bonheur musical que nous offre cette nouveauté discographique s'ajoute une qualité technique tout à fait remarquable pour un enregistrement vieux de 50 ans. Certes, la balance entre les chanteurs n'est pas toujours parfaite, mais le son est brillant – le tout exhalant une émouvante authenticité.

(Visited 655 times, 1 visits today)