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Un apport notable à la connaissance de Schumann par Eric Le Sage

Entamée chez Alpha en 2006, année du cent cinquantième anniversaire de la mort de , cette intégrale de l'œuvre pour piano (solo et musique de chambre) se poursuit à présent avec le volume VIII, consacré, le Carnaval de Vienne excepté, à des œuvres plutôt rares. On retrouve avec plaisir Eric Le Sage dans des pièces écrites par Schumann à différentes époques.

Pâques 1830, Schumann assiste à un concert de Niccolò Paganini à Francfort. Impressionné par la virtuosité du violoniste, et à une époque où il s'intéresse beaucoup aux questions ayant trait à la technique pianistique, il compose deux recueils d'études sur des Caprices de ce dernier, le premier (1832) plutôt à usage privé, le deuxième (1833), avec des études de plus grande ampleur, destiné au concert. Dans ces pièces très orchestrales, et dans l'énigmatique Allegro op. 8, contemporain, Eric Le Sage sait faire ressortir la complexité des motifs, les mélodies, contre-chants, simultanément à l'aspect purement digital, virtuose.

Les deux œuvres suivantes, quatre Pièces pour piano op. 32 plutôt anecdotiques, et surtout le Carnaval de Vienne, s'inscrivent dans une période particulièrement féconde de la vie de Schumann (1838-1839), malgré l'éloignement de Clara Wieck, imposé par le père de cette dernière. Eric Le Sage adopte dans ce cycle très brillant des tempos vifs, le piano est puissant sans être lourd. On peut regretter que la Romance ne soit pas assez mélancolique, rêveuse, à l'image du final des Scènes d'enfants, que la mélodie ne ressorte pas suffisamment dans l'Intermezzo, mais ce sont d'infimes réserves comparé à l'enthousiasme suscité par cette interprétation.

À partir de 1848, Schumann, en mari et père comblé, compose plusieurs œuvres tournées vers le monde de l'enfance. C'est notamment l'Album pour la jeunesse, mais aussi les trois Sonates pour la jeunesse (1853), enregistrées ici et qui sont dédiées à ses trois filles Julie (8 ans), Elise (10 ans) et Marie (12 ans). On imagine à l'écoute de ces «petites» sonates les facilités qu'avaient ses filles dans l'apprentissage du piano, en particulier la seconde. Eric Le Sage aborde avec fraîcheur, simplicité, sans être «scolaire» ces délicates sonates.

Entre virtuosité et apprentissage, un disque Schumann à mettre entre toutes les mains.

Lire aussi les chroniques des précédents volumes de cette série : II, III, IV et VI.

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