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L’intégrale Beethoven d’Osmo Vänskä

Entre 2004 et 2008, le chef d'orchestre finlandais et son orchestre étasunien du Minnesota ont gravé l'autre intégrale Beethoven des années 2000. En effet, Paavo Järvi a enregistré l'intégrale phare de la décennie avec son orchestre de chambre de Brême (RCA), mais monte facilement sur la seconde marche du podium.

Si le chef letton déploie une énergie de tous les instants et une précision du geste qui cerne les moindres détails galvanisant un orchestre de virtuoses, reste plus mesuré et équilibré dans son approche. On se situe plus dans une lecture moderne avec un orchestre traditionnel que dans une lecture révolutionnaire qui souligne tout au marqueur rouge et fait exploser les tempi. C'est la force tranquille contre la volonté de faire table rase du passé !

Vänskä, à la différence des radicaux Järvi ou Van Immerseel, ne cherche pas à alléger au maximum les textures mais favorise la puissance de l'effectif symphonique et la force des pupitres pour rendre la modernité de l'orchestre de Beethoven.

Sa direction vise à un impact très contrôlé et attentif à la logique de la structure des œuvres avec une volonté d'incorporer les détails et interventions solistes à la masse orchestrale (alors que Järvi s'en sert pour appuyer sur les dynamiques ou changer le ton du discours avec ces contrastes violents). L'orchestre du Minnesota (que l'on a connu bien relâché dans des enregistrements avec Antal Dorati pour Mercury) est impressionnant dans ses tutti et ses soli. Il est tout de même incroyable qu'un orchestre de province des USA hisse son niveau de jeu pour rivaliser avec des phalanges historiques européennes dans un répertoire archi-rebattu et au cœur de la musique européenne. Ce qui montre encore l'élévation constante et sidérante du niveau des musiciens depuis près de 20 ans !

L'approche à la fois cursive et précise de Vänskä fait surtout mouche dans les symphonies n°2, n°3, n°4, n°5, n°7 et n°8. On remarque ainsi des symphonies n°5 et n°7, puissantes et granitiques traversées par un souffle granitique. Les symphonies n°1, n°6 et n°9, plus mécaniques, touchent moins mais restent de belles versions modernes.

La mise en coffret économique de cette somme, par Bis, en fait un choix intéressant autant en terme musical qu'en terme technique. En effet, la prise de son des Suédois emporte, une fois de plus, l'adhésion, autant dans la restitution des dynamiques que dans la mise en valeur de la richesse des timbres de l'orchestre.

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