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Les jeunes musiciens du Venezuela à Salzbourg

Le poids de cette manifestation, à n'en pas douter, était autant d'ordre social que musical. L'arrivée, au festival de Salzbourg, d'un orchestre essentiellement formé de jeunes musiciens issus des classes défavorisées d'un des pays les plus pauvres de la planète est en effet lourde de symboles, et l'ovation faite à l'issue du concert à José Antonio Abreu, l'artisan d'une telle réussite musicale montre que le public était bien conscient de cette dimension.

Et pourtant, la valeur sociale de l'événement ne peut en rien être taxée de masquer la portée musicale de la soirée. L'énergie, la verve et l'enthousiasme déployés par l'orchestre sont en effet sidérants, et le programme choisi pour la deuxième partie du concert, la sublime «peinture» orchestrale de Moussorgsky, convient idéalement à de telles qualités. Quel luxe de couleurs, quelle palette d'émotions le chef ne parvient-il pas à tirer de son ensemble !

Dans le triple concerto de Beethoven, dont l'esthétique est beaucoup plus classique, la formation sud-américaine sait également se faire plus neutre pour faire la place aux trois solistes. Sans doute aurait-on pu souhaiter une restitution plus intimiste, mais personne ne pourra se plaindre de la prestation des deux frères Capuçon, dialoguant avec une dont le festival fêtait le retour après de longues années d'absence. Le programme est complété, en plus des bis d'usage, par une captation de la répétition par l'orchestre de la première symphonie de Mahler, couplage un peu curieux qui nous rappelle, une fois encore, la dimension didactique de l'événement.

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