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Belge et oublié Albert Huybrechts

, compositeur belge du début du XXe siècle laissa une trentaine d'œuvres, essentiellement de musique de chambre et pour la voix. Après avoir été initié à la musique par son père, il obtient au conservatoire royal de Bruxelles le premier prix de hautbois, puis de contrepoint. En même temps, il travaille comme pianiste de music-hall. D'abord profondément influencé par l'écriture de Debussy et de Ravel, son style va évoluer en fréquentant les «Concerts Pro Arte», où le quatuor du même nom et d'autres musiciens font entendre des œuvres novatrices de Satie, Berg, Stravinski, Schönberg, Honegger, Bartók, et bien d'autres contemporains. Alors qu'il se débat constamment dans des difficultés financières, il reçoit en 1926 une double récompense de la part des Etats-Unis : le premier grand prix du Festival d'Ojah Valley, Californie, pour son premier Quatuor à cordes (1924), et le prestigieux Prix Coolidge pour sa Sonate pour violon et piano (1925), qui figure sur ce disque. Il meurt en 1938, peu après avoir été nommé professeur d'harmonie au Conservatoire de Bruxelles.

Dans la sonate pour violon et piano (1925), l'influence de Debussy est évidente, notamment dans le premier mouvement. Le mouvement lent, plus «expressionniste», si l'on peut le qualifier ainsi, est une complainte pleine de lyrisme que fait vibrer sur son violon, exprimant une douleur intense. Retour à quelques notes debussystes dans le finale, avec, ça et là, cette violence révoltée que le piano sait si bien exprimer. Dans le Chant funèbre, (1926), le violoncelle «chante» ou plutôt «gémit» de douleur. L'interprétation de ajoute à cette complainte quelques touches poétiques qui l'empêchent de sombrer dans un pur déchirement. Sombre, même lugubre, la partie du piano redouble le sentiment de désespoir. La grande partie du Trio pour violon, alto et violoncelle (1936), l'une de ses dernières compositions, touche la limite de tonalité et évoque Berg. Le caractère élégiaque des deux premiers mouvements se résout avec un «vif et décidé» quelque peu inquiétant.

Dans ce disque, le son est sec, dépourvu de résonance, ce qui accentue le sentiment de désolation, sinon le tourment intérieur du compositeur qui imprègne la musique et que l'interprétation rend tout à fait perceptible.

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