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Incantations à Bastille avec Kaija Saariaho

Voix, Espace…

a une prédilection pour l'utilisation de la voix. Cette soirée fut un bon exemple de cette caractéristique : en effet, les œuvres qui y furent présentées étaient toutes des compositions pour voix (ici les très bons chanteurs de l'ensemble Les Solistes XXI) et électronique. Electronique, un terme générique qui décrivait dans ce cas une bande-son comportant des sons de natures diverses – bruissements, soufflements, ainsi que quelques-uns, percussifs, plus proches de véritables instruments comme le xylophone ou le vibraphone. En plus de cela, tous les chanteurs de l'ensemble étaient munis d'un ou deux micros qui permettaient de créer, par exemple, un effet d'écho. Le résultat est, en particulier pour la première partie du concert, un musique au caractère mystique assez prononcé, du fait des sons mystérieux dus à la fameuse «électronique», et comportant parfois quelques longueurs. Un caractère également incantatoire, ou rituel, surtout dans Lohn, pour une seule chanteuse. Ce morceau, comportant des passages parlés et dont le texte, datant du XIIe siècle, était en langue d'oc, rappelait également par moments la musique ancienne. Le fait que les œuvres comportaient également des passages chuchotés par les chanteurs, les effets électroniques, et le caractère très intime du petit Amphithéâtre Messiaen ne faisaient que renforcer l'impression solennelle que suscitait la musique.

De plus, les œuvres étaient accompagnées d'effets visuels projetés sur un écran derrière les chanteurs, consistant en des paysages mouvants rappelant ciel ou océan, en fausses couleurs, sur lesquels étaient projetés les visages des chanteurs floutés, filmés en direct. Cette création mi-mystique, mi-psychédélique du mari de , , correspondait assez bien à l'atmosphère recherchée par la compositrice, tout en ne distrayant pas l'auditeur. Le véritable apport d'ajouts de ce type à un concert demande cependant toujours à être démontré.

La deuxième partie du concert donnait lieu à des œuvres plus complexes, et où les qualités de furent alors pleinement visibles. Dans From the Grammar of Dreams, une soprano chante en duo avec une version enregistrée d'elle-même pour un résultat captivant et intense. Et enfin, Écho !, un texte original du fils de la compositrice, narrant l'histoire de la nympe Écho et jouant sur le phénomène éponyme, est le support d'un morceau aussi plaisant et intéressant que le texte dont il est issu, et où l'électronique est utilisée à bon escient pour décupler à la fois les qualités des chanteurs et l'effet recherché.

Crédit photographique : Kaija Saariaho © Maarit Kytöharju / Fimic

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