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Sofia Gubaidulina / Claire-Marie Le Guay, confirmation d’une affinité

On accuse souvent les majors d'être frileuses dans leurs choix artistiques. Tel n'est pas le cas du label Accord, qui appartient à Universal Music France et publie régulièrement du répertoire sortant des sentiers battus.

C'est à nouveau le cas avec ce nouvel enregistrement consacré à des pièces de la compositrice russe . n'en est pas à son premier coup d'essai en musique contemporaine (voir le disque Bartok/Carter/Dutilleux), elle joue également en concert des pièces de Thierry Escaich, Eric Tanguy, Thierry Pécou ou bientôt de Guillaume Connesson et Karol Beffa. Le fait de publier le disque seulement fin 2009 alors que les enregistrements remontent à 2004 et 2005 n'est pas toujours bon signe mais il n'en est rien ici. D'autres projets discographiques, en particulier une série de «jeux de miroirs» entre Haydn et Mozart semblent en effet avoir repoussé cette parution.

Les œuvres proposées par ne sont pas des premières au disque (il existe même déjà six versions de la Chaconne !), un signe de l'importance qu'a pris Gubaidulina depuis les années 1980 dans le paysage musical en Occident, grâce à Luigi Nono et Gidon Kremer notamment, après avoir été confinée dans l'ère soviétique pendant des décennies.

Les pièces enregistrées remontent aux années 1960 et 1970. Tout d'abord, la très brève (une minute) Invention, toute en notes piquées, un peu dans l'esprit de certaines études de Ligeti. rend particulièrement bien l'aspect quasi mécanique de cette musique. Tout autre est l'esprit de la Chaconne, inquiétante, presque glauque, qui n'est pas sans rappeler le Debussy des études ou des préludes, mais aussi Prokofiev ou Bartok. La pianiste développe toute une palette de sonorités avec des basses profondes, un jeu appuyé, massif, mais aussi un aspect beaucoup plus digital et percussif dans la partie centrale de la pièce.

Dans les Musical Toys, série de quatorze courtes pièces de piano pour enfant (pas débutants…), l'auditeur est transporté dans un univers plus léger, même si le caractère de chaque morceau est assez différent : pièces rapides en notes staccato, pièces plus lentes, assez mystérieuses, dépouillées, pièces jazzy…

Ce «portait» (titre de l'album) de se clôt par un concerto pour piano et orchestre de chambre, Introitus, sorte de concerto grosso où le piano fait donc partie intégrante de l'orchestre, avec des parties solo, au même titre que les bois ou les cordes. Dans cette œuvre en un seul mouvement, l'atmosphère est sombre, tendue, envoûtante, parfois oppressante mais jamais agressive.

Une parution discographique intéressante qui nous montre à nouveau Claire-Marie Le Guay à l'aise avec le répertoire contemporain et des pièces qui mériteraient d'être plus souvent intégrées dans les programmes de concert.

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