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Françoise et Dominique Dupuy

Deux solos signés , figure emblématique de la danse française des Trente Glorieuses. L'un pour son épouse Françoise, 84 ans. L'autre pour un jeune danseur chinois.

Malgré son crâne rasé, le corps de Wu Zheng dégage une grande féminité. Les jambes drapées dans un large tissu, torse nu, ses mouvements doux et parcimonieux font émaner de lui une grande sensualité. Dans un second tableau, Wu apparaît travesti en lustre à pampilles, chaussé de sandales à talons hauts à strass, à la manière de , chorégraphe sud-africain. C'est enfin avec un sabre de samouraï qu'il se présentera pour un troisième tableau, digne et hiératique comme un prince de sang bleu. Hésitant au départ entre méditation et taï chi, la danse se fait plus expressive au fil de ce solo multiforme.

Après un entracte à l'occasion duquel on peut visionner les images des répétitions, astucieusement diffusées sur des écrans LCD miniatures, un second solo propose un saisissant portrait dansé de . Cette chorégraphe de 84 ans est encore une interprète remarquable, émouvante. Sa présence en scène est tout simplement extraordinaire. Le cheveu ras, le corps maigre et plissé, la peau diaphane, elle minaude en se poudrant le bout du nez ou en jouant avec un cabas à paillettes. Devenue diva par la magie d'une vaporeuse robe rouge, elle ondoie sur un imaginaire « red carpet », sous la lumière des projecteurs. A l'endroit, puis à l'envers du décor, la star montre toutes ses facettes, du bouquet de fleurs offert par un admirateur au déshabillage dans la loge. Le choix de lieder de Schubert pour l'illustration sonore rend cette vision crépusculaire d'une vieille diva plus émouvante encore.

Devant cette femme forte et fragile qui danse encore des fragments de la variation qui lui valut le premier prix au Concours international de danse en 1957, il est dommage que (omniprésent en régisseur) ne parvienne pas à s'effacer. Avec les petits pas précautionneux d'une démarche vacillante, il joue obstinément les accessoiristes. Sa sollicitude est parfois de trop…

Crédit photographique : © Pierre Fabris

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