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Festival « Visa pour l’Europe » par François-Xavier Roth

Orchestre Philharmonique de Liège

Au long de son festival «Visa pour l'Europe», l'Orchestre Philharmonique de Liège a proposé au public de parcourir l'Europe à travers des œuvres empreintes d'une identité nationaliste forte. De Britten à Sibelius en passant par les musiques de films de Nino Rota et les rythmes frénétiques de la musique des Balkans, l'invitation au voyage de l'OPL avait plus d'un argument pour convaincre le mélomane de s'embarquer dans l'aventure. Lors de ce concert de clôture, l'heure était au bilan. Un bilan artistique bien évidemment mais c'était également l'occasion pour Jean-Pierre Rousseau –directeur général de l'orchestre – de communiquer au public les résultats de l'opération de soutien aux sinistrés d'Haïti. Dédié au peuple martyr, le festival a en effet permis aux spectateurs de participer à une collecte de dons concrétisée par la remise d'un chèque symbolique à un représentant de Caritas International (association membre du Consortium 12-12). L'orchestre a ensuite entonné l'hymne haïtien suite auquel le public a été invité à respecter une minute de silence. Emu par la tragédie ayant frappé Haïti, l'orchestre a également souhaité rendre un hommage aux victimes de l'explosion de liège du 27 janvier dernier. L'Adagietto issus de l'Arlésienne de Georges Bizet a matérialisé ce moment de recueillement.

Le programme a ensuite repris son cours, avec l'important cycle symphonique de Smetana : Ma Patrie. Souvent limitée à sa célèbre Moldau, cette vaste fresque évoque à travers ses six poèmes symphoniques à la fois les paysages de Bohême et ses légendes populaires. développe une lecture plutôt inégale du cycle. Vyšehrad, qui ouvre le cycle laissait pourtant présager le meilleur. Tempéré et inspiré, l'orchestre installe un climat de rêverie et exploite à merveille les couleurs de la musique tchèque. Hélas, comme si tout avait déjà été dit à travers ces pages, le chef expédie une Moldau où l'on cherchera en vain une respiration, un souffle narratif. Il y a certes quelques beaux moments comme l'épisode de danse dans les premières minutes de Šárka ou encore le jeu des cordes, superbes dans l'introduction de Par les prés et les bois de Bohême. Sur l'ensemble de l'exécution, on est malgré tout souvent gêné par un encombrant triangle ou par la pâte orchestrale opaque et avare en reliefs. Enfin, Tábor et Blaník concluent de manière percutante ce cycle, où Roth induit à l'orchestre suffisamment de tension pour que le drame évoqué par le compositeur devienne crédible.

Cette prestation en demi-teinte n'éclipsera pas notre enthousiasme face aux festivals organisés par l'OPL. L'audace de la programmation et la diversité des activités organisées autour de ces festivals estampillés «OPL» assurant à juste titre à la formation liégeoise un public de plus en plus fidèle.

Crédits photographiques : © DR

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