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Midem : où en est-on avec le disque ?

Edito

Ça baisse, ça baisse, ça baisse et ça n'en finit plus de baisser. Peut-être approcherait-on du fond, puisque pour 2009 les chiffres délivrés par l'Observatoire de la musique, toujours négatifs, sont moins dramatiques que les années précédentes. Mieux encore : la baisse n'a jamais été aussi faible depuis le début du déclin du disque il y a une dizaine d'année.

Chers lecteurs, pour l'année 2009 sachez que vous avez acheté environ 3, 9 millions de CD classiques pour un total de 61, 2 millions d'euros. En 2008 vous étiez plus dépensiers (4, 3 millions de disques, 69, 6 millions d'euros). Ne parlons pas de 2007. Ni de 2006… Quoi qu'il en soit, malgré la reculade, les chiffres reculent un petit peu moins. Dans le jazz, ils montent ! De l'autre coté de la Manche, chez nos voisins britanniques, la production locale de disques de variétés remonte la pente aussi. Mais d'où vient ce mystère ? Le téléchargement illégal est abandonné ? On revient au bon vieux CD ?

Il n'y a aucun mystère. L'industrie du disque a dans sa grande majorité volontairement nié Internet et la possibilité d'échange de fichiers numériques d'ordinateur à ordinateur à la fin du XXe siècle. En 2001 Napster est définitivement enterré, mais pendant que les majors faisaient une danse sacrale sur la tombe du premier logiciel de peer-to-peer, un nombre incalculable de softwares du même acabit naissait. Branle-bas le combat, une armée de juristes-informaticiens partaient au front pendant qu'au QG on élaborait de nouvelles armes et de nouveaux supports : DRM, SACD, HD, Blu-ray, … Et le disque neuf se révélait illisible dans votre platine laser, qui malgré ses 10 ans d'âge n'a jamais donné le moindre signe de faiblesse jusqu'alors ! Les généraux de l'industrie phonographique en combattant le téléchargement illégal ne s'étaient pas trompés d'ennemis, mais utilisaient les mauvaises armes.

Dans cette guerre un «troisième homme» surgit, l'indépendant. Il produit ses propres disques, patiemment, le plus professionnellement possible, y adjoint une notice explicative conséquente, lui donne un packaging agréable, cherche à élaborer un contenu original et exigeant, se passe d'intermédiaires encombrants et coûteux. L'acheteur en a pour son argent, il n'a pas l'impression d'être pris pour une «vache à lait» et considère que l'acquisition d'un disque est un véritable investissement. Et les ventes remontent… Car la jeune scène britannique, tout comme le jazz, abandonnés par les majors depuis le début des hostilités, sont portés par les producteurs indépendants. Et la baisse des ventes du disque classique sur cette année 2009 ne doit pas masquer ce regain de tonus : Haendel au piano (Air notes), villancicos de Joseph Ruiz Samaniego (Alpha), intégrale des symphonies de Schnittke (Bis), reconstitution des ballets originaux de Stravinsky (Bel Air), mélodies de Fauré (Timpani), Requiem pour un jeune poète (Cybele), œuvres pour orchestre de Gustav Holst (Chandos), … autant de répertoires originaux servis avec qualité et professionnalisme qui ont su trouver leur public. Tant qu'un format numérique fiable, de très haute définition, téléchargeable facilement (de façon légale bien sur) et lisible par tous moyens informatiques ne sera pas mis au point, le disque, présenté comme un objet de culture et non de consommation, continuera de vivre.

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