Alors qu'il venait de terminer la gravure d'une intégrale de l'œuvre pour piano seul de Claude Debussy, somme qui a marqué nos années contemporaines, Jean-Efflam Bavouzet nous propose un album complémentaire centré sur les versions pour piano de trois ballets presque contemporains.
L'explication de ce disque est la découverte, par le pianiste, d'une version pianistique de Khamma qui serait complétée par Jeux et la Boite à Joujoux. Si la partition de la Boîte à joujoux présente des indications claires, il n'en va pas de même pour les deux autres œuvres car « en plus des deux portées traditionnelles, Debussy a rajouté au dessus et en dessous des éléments musicaux importants qu'il a laissé à la discrétion du pianiste : à lui de les intégrer ou non selon sa virtuosité ». Le pianiste a été contraint de trouver des solutions pratiques et surmonter les redoutables difficultés techniques. Ainsi pour Jeux, les exigences de la main Debussy sont insurmontables alors que parfois la partition expurge de nombreuses richesses de l'édition orchestrale. Le pianiste doit donc soit élaguer, soit compléter le matériau. Auteur d'une belle version pour deux piano de Jeux (enregistrée chez Decca), Jean-Efflam Bavouzet s'est lancé dans une édition pour piano solo.
Le défi est relevé avec brio avec un toucher idéal dans ses couleurs et ses subtilités. Le pianiste semble faire corps avec le langage du compositeur délivrant un modèle de style et de musique. Un disque majeur et original.