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Goerner et Brüggen, inoubliables pour un Chopin éternel

Allons-y tout de go ! illumine et transcende magistralement cet enregistrement consacré aux œuvres pour piano et orchestre (hormis les deux concertos) de .

Son jeu sémillant, sans affectation déplacée ni sèche virtuosité, fête ce Chopin de la jeunesse, enlevé, optimiste, gouleyant de mélodies chaleureuses et de rythmes onctueux et juvéniles où la beauté du son procède d'un engagement singulier, charmeur et envoûtant, sans faille ni déficience pour bien des décades. Face à un pianoforte français de 1849, un Erard, Nelson Gœrner nous donne très rapidement le sentiment de jouer un piano moderne. Sa vitalité, sa séduction et sa vélocité naturelle, sa ferveur aussi, augmentée d'une touche personnelle, embellissent cette musique généreuse et chantante. dirige son Orchestre du 18e siècle comme il convient, c'est-à-dire ni en retrait ni en dominateur. Ses pupitres nous paraissent brillants de part en part, plein de charme et de prestance sans manquer nullement de sérénité. L'ensemble, pianiste et orchestre, épanoui et transporté, s'en donne à cœur joie aussi bien dans la Fantaisie en la majeur (1829) que dans le Rondo en fa majeur (1828), deux partitions virtuoses mais charmeuses et dévolues au culte de la distinction et de la grâce.

Quant à Gœrner encore une fois, il nous émeut profondément avec son interprétation de l'Andante spianato en mi majeur de 1834 dont il propose une des plus magnifiques et enthousiasmantes visions en dépit de l'énorme discographie dont bénéficie ce morceau inoubliable et tellement prégnant. La magie se prolonge avec la Polonaise endiablée qui lui fait suite. Rarement Chopin n'aura été aussi bien servi, et cela on le doit aux interprètes bien sûr, mais aussi à l'initiative plus qu'heureuse de l'Institut de Varsovie décidé à faire revivre les authentiques circonstances musicales de la création de ces œuvres. Bienvenue au sommet de la discographie.

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