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Kirmo Lintinen, un contemporain enquête d’identité

Quasiment inconnu en France, le Finlandais n'en développe pas moins une grande activité musicale. Après ses études à l'Académie Sibelius d'Helsinki (avec Jukka Linkonen et Eero Hämeenniemi) et son perfectionnement (avec Jukka Tiensuu, Helmut Lachenmann et Peter Eötvös), il joue du piano et aborde la direction d'orchestre. D'abord membre régulier de l'UMO Jazz Orchestra à partir de 1989 comme pianiste, puis comme chef en 1994, il prend la tête de plusieurs autres formations orchestrales finlandaises. En tant que compositeur il élabore un catalogue déjà assez conséquent (une centaine de partitions) abordant l'opéra, la musique de cinéma, la musique pédagogique, la danse, le jazz et des approches alternatives ou combinées du dodécaphonisme et du classico-baroque. L'enregistrement de sept pièces de musique de chambre rend justement compte de ses recherches multiformes et non sectaires. Son esthétique dominante se positionne sûrement autour de la tradition musicale. En témoigne par exemple cette œuvre pour deux kantele, Vesi (2002), où, sur des bases populaires admises, il tente quelques avancées modernistes. Le réel succès de son œuvre intitulée David et Batsaba pour soprano, ténor et ensemble instrumental se rapproche de l'idée du concerto-madrigal pour voix solistes et orchestre baroque. Ce type de partage esthétique correspond à l'expression de nombreux créateurs écartelés ou en harmonie avec des expressions jadis considérées comme inconciliables. Comme professeur à son tour au département jazz de l'Académie Sibelius (1989-2007) Lintinen se trouve confronté à un enseignement protéiforme, post-moderne sans doute, marqué par le rejet de toute exclusive esthétique. Tymi (2006), soutenu avec efficacité par l'Orchestre de chambre d'Ostrobotnie placé sous la direction de l'excellent , illustre bien l'exploration tenace et téméraire de ce carrefour d'idées et de styles. On aboutit à une conclusion identique avec l'écoute de son Trio pour saxophone alto, violoncelle et piano (2001) aux phrasés interpénétrés, souvent intéressants et dignes d'écoute. Pour , comme pour beaucoup d'autres compositeurs contemporains, accepter sa modernité conditionne une recherche incertaine, pleine de clichés, réflexes et lieux communs et, heureusement, parfois aussi de pages singulières voire originales.

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