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Passerelle d’artistes au Festival de Lugano

Programme varié, improvisations, passerelle d'artistes en solo et en formation de chambre pour les deux jours du Festival de Lugano. Marraine et étoile indiscutée, avec son projet de promotion de jeunes musiciens de talent aux répertoires inédits et formations inhabituelles. Malgré des petites défaillances techniques, des tempi parfois frénétiques, tourneuses de pages maladroites, changements de tabouret, déplacements d'instruments après chaque performance (dont le bruit et l'attente annulaient la magie de la musique), le Festival a été l'occasion de réécouter des compositeurs peu joués et des morceaux souvent oubliés.

C'est le cas de Taquito militar de Mariano Mores ou de Nueve de Julio de José Luis Padula qui avec les chefs-d'œuvre de Ginastera, Aguirre et Piazzolla ont évoqué l'aspect le plus folklorique, populaire et typique du tango. La diversité de ces compositeurs émerge naturellement de l'interprétation virtuose d'Alejandro Petrasso dans son adaptions pour trio de Verano porteño, en total contraste avec le caractère réflexif et intime qui Geza Hosszu-Legocky imprime à Pampeana n°1. Un moment d'envoûtement a été l'exécution d'Oblivion pour deux pianos et violon. Les lignes sinueuses de cette Milonga lente, sa mélodie simple mais extrêmement mélancolique, l'accord final suspendu ont créé une atmosphère magique en dissonance avec la passion exacerbée de Libertango. Exécuté à deux pianos par et Eduardo Hubert qui se sont lancés dans une interprétation virtuose à la saveur vaguement jazz de Piazzolla.

Très remarquables les improvisations de en version argentine et savante de . Avec la collaboration du public qui entonne d'abord l'air du Don Juan de Mozart, «Là ci darem la mano» et ensuite la célèbre Habanera de Carmen de Bizet, elle a créé de véritables morceaux extemporanés. Mélange de citations savantes et populaires, de styles différents qui passent à travers les époques de Bach et Mozart (pour n'en citer que deux), de rythmes de danse et atmosphères populaires, sa dextérité ne laisse aucun doute sur son excellente préparation technique et sur ses capacités créatives. Final spectaculaire avec la Muerte del ángel de Piazzola, transcription d'Eduardo Hubert pour deux pianos, 8 mains.

L'expérience de et Eduardo Hubert d'une part et la fraîcheur de et Alejandro Petrasso de l'autre donnent lieu à une confrontation explosive de deux générations d'artistes aux origines argentines.

Caractère totalement différent mais autant de diversité pour le répertoire plus classique allant de Beethoven à Bartók tout en passant par Rachmaninov, De Falla, Debussy et Taneïev. La redoutable difficulté de Bartók a mis à dure épreuve les percussionnistes qui parfois n'ont pas été à la hauteur des complexes articulations et combinaisons rythmiques inscrites dans la Sonate pour deux pianos et percussions.

Crédit photographique : © DR

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