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Imagerie russe avec la Capella de Saint-Pétersbourg

Toutes les attentes sont comblées : que ce soit dans la préciosité un peu « trop » des robes de soirée des chanteuses, dans une raideur toute soviétique du chef, dans le répertoire parfaitement choisi et dans la splendeur des voix typées, tout nous transporte dans la Russie éternelle telle que l'Occident veut se la représenter. C'est ce patrimoine mêlant religiosité, chants populaires et rigueur nickelée de l'interprétation que ce grand pays exporte le mieux.

La soirée est composée de deux parties. La première parcourt le répertoire religieux tel qu'il a été réécrit au XIXe siècle. Il reprend la tradition orthodoxe du chant responsorial, et dans toutes les pièces des solistes sortis du rang dialoguent avec l'ensemble. L'exécution ne souffre d'aucun défaut : le chœur répond parfaitement aux injonctions parcimonieuses de son chef, les nuances piano sont surprenantes de velouté et la puissance est affirmée par une soixantaine de choristes chevronnés. L'équilibre entre les pupitres est remarquable, d'autant plus qu'il s'assoit sur l'ambitus considérable des voix d'hommes, certaines basses émettant des contre-sols graves. Les solistes sont tous excellents, mais la mezzo qui interprète d'une façon émouvante le Magnificat de apporte une grande sensibilité à cette pièce pleine de finesse.

Il est par ailleurs intéressant de constater, dans ce répertoire religieux qui se veut conforme à la tradition, la pénétration des recherches harmoniques occidentales, et à l'inverse, dans les arrangements du répertoire populaire, des influences de ce répertoire sacré ; ceci est net notamment dans la pièce Les douze Brigands.

Dans cette deuxième partie, des pièces connues telles Les Hâleurs («Les Bateliers de la Volga»), En aval sur la Rivière ou l'inévitable Kalinka enchantent les amateurs d'images typiques, mais les arrangements sont astucieux, varient les timbres et brodent les mélodies. D'autres morceaux sont nostalgiques et parfois même un certain humour affleure, comme dans Le long de la Piterskaïa.

La même qualité vocale est bien sûr au rendez-vous dans ce répertoire, qui demande plus de vivacité et au moins autant de précision que le précédent. On constate ainsi qu'à l'inverse de ce qui se passe chez nous, les peuples de l'Europe orientale savent encore se rattacher à leurs racines sans pour autant les conserver dans un formol rigidifiant.

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