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John Adams project

Domaine privé

S'il estime ne pas être beaucoup joué en France, y a bien son «fan club» comme on a pu le constater lors de son passage à la Cité de la Musique où le public lui réservait une «standing ovation» après l'exécution d‘Harmonielehre la veille. Pour la seconde soirée consécutive, était à la tête de l'excellent ensemble Asko׀Schönberg d'Amsterdam pour diriger trois œuvres de moindre envergure considérées, pour deux d'entre elles du moins, comme des «classiques» de son auteur.

De Son of Chamber Symphony (2007), un triptyque – se souvenant de la Symphonie de chambre – que John Adams écrivit pour une création chorégraphique de , on retiendra surtout la complexité virtuose des textures colorées du premier mouvement élaboré autour d'un son de piano préparé. On apprécie d'emblée le jeu réactif et très soigné de l'Asko׀Schönberg qu'une autre direction eût davantage mis en valeur.

Moins académique dans sa forme, Shaker Loops pour septuor à cordes de 1978 n'atteint cependant pas le degré d'invention de la pièce précédente. C'est le mouvement lent Hymning Slews qui capte l'attention, découvrant un paysage sonore singulier traversé de lignes courbes suggestives. Le jeu vibré du violoncelle confronté à la mécanique des boucles dans Loops and Verses instaure une surimpression intéressante. Shaker Loops qui accompagne désormais les images du film autobiographique de Charles Bukowski Barfly est devenue, aux Etats-Unis, une œuvre culte.

On peut s'interroger sur la «troublante ressemblance» dont parle John Adams entre sa Chamber Symphony (1992) et celle de Schœnberg. «Ma relation à Schönberg ressemble à celle d'un fils avec son père […]. J'ai donc une relation d'amour-haine avec lui» confie le compositeur. Force est de reconnaître que, hormis leur titre et leur dispositif communs, tout sépare les deux compositions. C'est en envisageant le mix improbable de la Symphonie de chambre du maître viennois et de la musique de dessins animés, «polyphonique et généreusement virtuose», précise Adams, qu'il envisage sa composition : pas de radicalisme diatonique ici mais une hybridation chromatique qui sent son Milhaud (tel ce solo de trombone relayé par le cor sur une walking bass), et une large concession à la virtuosité un peu creuse (la cadence finale du violoniste par exemple). En bref, un propos ludique qui peut séduire l'oreille, quand il ne l'ennuie avec ses longueurs, mais n'accède pas, loin s'en faut, à la hauteur schœnbergienne.

Crédit photographique : © Margaretta Mitchell

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