Riccardo Chailly a la bonne idée d'enregistrer quelques albums Bach à la tête de son orchestre du Gewandhaus. Historiquement, cette démarche est hautement légitime au regard de l'histoire du Gewandhaus tant Bach est lié à cette ville et à cet orchestre avec lequel nombre de chefs ont gravé les œuvres du compositeur.
Il s'agit d'un évènement intéressant qui montre bien à quel point les orchestres « modernes » se réapproprient (à juste titre !) des parties du répertoires abandonnées aux orchestres baroques. On ne peut se réjouir de cette fin de « ringardisation » des orchestres classiques qui digèrent avec excellence les acquis du mouvement baroque. Riccardo Chailly, n'est pas, de prime abord, le chef le plus expérimenté en matière de direction « authentique », bien qu'il se soit produit avec la section baroque de l'opéra de Zurich. Il n'empêche, le chef a écouté et étudié avec attention, les recherches interprétatives récentes.
Le résultat est très convaincant et s'avère même assez proche de la perfection ! Chailly allège les textures, travaille l'imbrication des thèmes et des interventions solistes et apporte une bonne vigueur à l'ensemble qui se pare de belles couleurs. Pour des oreilles habituées à la tornades des récentes interprétations authentiques, on sort, après une première écoute, plutôt réservé de cette expérience. Fuyant la théâtralisation à outrance (et à raison !), cette optique s'affirme au fil des écoutes par son intelligence et son soin. L'orchestre sonne avec éclat et bénéficie d'une prise de son gorgée de saveurs. Prochaines étapes de cette aventure en trois parties : la Passion selon Saint Matthieu et l'Oratorio de Noël.