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Kirill Troussov & Alexandra Troussova entre mélodie et rythme

(né en 1982) et (née en 1977), frère et sœur originaires de Saint-Pétersbourg, donnent un récital dans un programme russe dominé par le XXe siècle.

étudie le violon notamment avec Zakhar Bron, et se produit dès l'âge de sept ans. Sa sœur aînée entre à cinq ans au Conservatoire de Saint-Pétersbourg et démarre sa carrière à sept ans en jouant avec la Philharmonie de sa ville natale. Outre leurs activités de solistes qu'ils mènent séparément, ils jouent en duo sur des scènes internationales. Depuis leur premier récital à l'Auditorium du Louvre en 1996, ils reviennent régulièrement en France (Théâtre des Champs-Elysées, Châtelet, Opéra de Lyon, Folles journées de Nantes…).

La Suite très néo-classique de Schnittke est un recueil de petits morceaux à la manière du 18e siècle, sans aucun rapport avec celle constituée d'une succession de danses comme la courante, la sarabande, l'allemande, la gigue et autres. Une interprétation rassurante et de bon goût nous projette dans un jardin imaginaire de cette époque. La célèbre Sonate de Prokofiev, elle aussi très classique dans sa conception, est exécutée avec un grand dynamisme et une remarquable précision rythmique. La douceur est également mise en avant avec délicatesse, dans les thèmes mélodiques extrêmement linéaires du premier et du troisième mouvement.

Chostakovitch a écrit une série de 24 Préludes (op. 34) de 1932 à 1933 et une autre de 24 Préludes et Fugues (op. 87) en 1950 et 1951, toutes deux pour piano seul dans la grande tradition perpétuée depuis Bach. Il s'agit ici d'une transcription pour violon et piano de l'opus 34, réalisée par Dimitri Zyganov (ou Tsyganov), violoniste et fondateur du quatuor Beethoven qui a créé la plupart des Quatuors de Chostakovitch. Le néo-classicisme est toujours au rendez-vous dans ces courtes pièces au caractère à la fois mélodique et rythmique, que les deux musiciens font ressortir avec élégance. En interprétant Tchaïkovski, ils produisent un beau contraste entre la mélodie nostalgique de la Méditation et la gaîté bondissante de la Valse scherzo.

Entre le violon et le piano, à aucun moment, nous n'avons remarqué de décalage, ne serait-ce que d'un millième de seconde ; le frère et la sœur aspirent exactement le même air musical. Dans les parties rythmiques de chaque pièce, «attaque» le clavier, telle une percussion, avec un son dur, voire métallique, mais cette dureté rend le morceau extrêmement vivace, en fusionnant avec la riche sonorité du violon (Stradivarius Brodsky de 1702) qui englobe le piano – ce qui est particulièrement perceptible dans les deux pièces données en bis, la «Marche» de l'Amour des Trois oranges de Prokofiev et la Danse du sabre de Khatchatourian.

Crédit photographique : © DR

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