- ResMusica - https://www.resmusica.com -

Richard Galliano : un Bach qui donne des boutons… d’accordéon !

On connaît le talent de . On sait ce qu'il a apporté à l'accordéon pour lui donner une image dépassant largement sa réputation de piano à bretelles pour bal musette du samedi soir. Musicien exceptionnel, toujours curieux de découvertes musicales, il a porté avec succès son instrument dans les domaines les plus divers. De l'accompagnement des grandes voix de la chanson française (Barbara, Serge Reggiani, Juliette Gréco ou ) à ses nombreuses apparitions aux côtés de figures marquantes du jazz comme Chet Baker, ces dernières années ont vu se produire dans les milieux de la musique classique. Même si ses prestations restaient intimement liées à son magnifique talent d'improvisateur, il fallait qu'un jour, il saute le pas pour venir jouer dans la cour des grands classiques de la musique !

C'est chose faite avec cet album dans lequel il s'est donné pour tâche de jouer dans le texte. En suivant scrupuleusement la partition originale, sans transcription, sans autre adaptation que de jouer les parties de violon, de flûte ou de violoncelle à l'accordéon, il s'attaque à la seule partition. Sans en changer une note, une respiration un silence, il se plie au carcan du compositeur. Dire qu'il réussit pleinement à convaincre serait exagéré. Certes son extraordinaire technique lui permet de briller, mais d'une brillance toute instrumentale. Alors qu'on sait un musicien d'une sensibilité extrême, on s'attend à ce que cette émotivité s'exprime avec la même verve dont il fait montre dans ses interprétations de musique populaire ou de jazz. Bach n'exclut pas le swing.

Or, on déchante quelque peu. Le musicien apparaît comme paralysé par la responsabilité qu'il prend face à la musique de Bach. Ses interprétations restent conventionnelles. Si la Badinerie est bien enlevée malgré la lourdeur d'un accompagnement enregistré avec une réverbération acoustique trop marquée, il faut attendre l'andante du Concerto pour violon pour retrouver un moment d'inspiration. On le retrouve inspiré sept plages plus loin, lorsqu'il nous offre une allemande de la partita de flûte. Reste que les airs choisis pour cet album sont des « tubes » si souvent rabâchés qu'on se demande quel bénéfice tire-t-on qu'ils soient joués à l'accordéon.

En résumé, sans rien enlever à la performance de Richard Galliano, la démarche artistique du producteur reste discutable. Jouées dans le cadre d'un concert, ses interprétations peuvent forcer l'admiration, mais on comprend mal l'intérêt de les éditer au disque. Peut-être feront-elles le bonheur des inconditionnels de l'accordéoniste mais certainement pas du véritable amateur de la musique de Bach.

(Visited 1 425 times, 1 visits today)