Au fil des ans, le chef d'orchestre Mark Wigglesworgth construit son intégrale des symphonies de Chostakovitch. Cette symphonie n°11 est le septième volume d'un long parcours qui prendra fin, cette année, avec l'enregistrement des dernières symphonies.
L'idée du chef anglais est de dépassionner le débat ! Abandonner tout vécu humain et dramatique pour se concentrer sur la logique de la musique et travailler une radiographie millimétrée du tissus orchestral. Dans une œuvre aussi chargée en émotions et en tensions, le résultat est assez mitigé.
Le gros point positif réside dans une orchestration auscultée dans ses moindres recoins. Mark Wigglesworth sait mener sa barque et gère les tempi avec intelligence en optant pour un juste milieu : ni trop rapide, ni trop lent. Le chef est aidé par un orchestre à la plastique sonore renversante et par une prestation technique superlative. Le tout dans une restitution Bis qui fait tout exploser dans les dynamiques et fait briller les timbres dans les épisodes des mouvements n°1 et n°3.
Mais cette débauche de décibels n'évite pas un certain ennui ! Cette symphonie, portée par un souffle épique, mérite plus de vécu émotionnel et d'impact dans sa restitution. Mais, l'approche de Wiggleswoth est peut-être trop radicale (après tout, au fil des ans, un Mahler purement orchestral est défendu par de nombreux chefs !) pour des oreilles habituées aux Mravinsky, Kondrashine ou Kitaenko…Il sera tout de même intéressant de revenir à ce disque dans quelques années pour réévaluer l'apport du chef anglais. En attendant, on retourne aux grandes versions chefs russes légendaires !