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S’essaye au pas de trois

Le Skride/ Vogler Trio

Les San Francisco Performances sont le grenier à vedettes de la vie musicale san franciscaine. Stars installées ou en lancement passent ainsi par la scène du Herbst Theater, telles que, cette semaine, les sœurs Skride en trio avec le violoncelliste .

La formation est intéressante, avec le piquant qu'induit leur identités de solistes, leur personnalités musicales diverses et une pointe de compétitivité qui garantit le bon équilibre. Un revers inévitable ceci-dit : la tentation de l'individualisme.

Particulièrement néfaste dans «le trio des esprits» de Beethoven et amenée par le piano, cette tendance a inhibé les chances d'une entente musicale profonde. Alors que la technique est impeccable, comme on pouvait s'y attendre, la vie intérieure de l'œuvre n'a fait que des apparitions fantomatiques. Chostakovitch c'est une toute autre histoire. Dans l'opus 67, le trio fonctionne à son meilleur car il puise dans leur fibre de soliste et sollicite les extrêmes dans l'expressivité. Alors la partition devient une grande pièce de théâtre où la comédie humaine est explorée intensément. Disséquée presque, avec humour et minutie. Avec rage aussi. Un rire sardonique et dénonciateur qui explose comme un verre brisé dans le dernier mouvement.

C'est décidément le répertoire à grand potentiel dramatique qui va le mieux à ce trio et Brahms le confirme tout en restant en-deça de l'expérience précédente. Le violoncelle se distingue par un lyrisme paisible que renchérit le panache et la sobriété du violon. La sève, le style, c'est ce dernier qui l'insuffle tandis que le piano, bien qu'en accord, cherche à tout prix à se distinguer.

S'il n'y avait cette tempérance dans les rapports musicaux qui atténue les effets – ou si les les rapports de force osaient s'exprimer – et que le piano ne poussait à la roue, le climat serait vraiment à Brahms.

Crédit photographique : © Marco Borggreve

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