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Henri Demarquette ou la largeur sonore du violoncelle

Le violoncelliste français et le pianiste italien se sont réunis pour un programme contenant une rareté, la Sonate de Requiem d', compositeur mort précocement il y a exactement dix ans.

La Sonate n°3 de Beethoven – composée à la même période que la Symphonie n°5 et les Quatuors « Razumowski » – est jouée avec une agogique souple, comme pour faire prévaloir l'esprit « romantique » de plus en plus affirmé du compositeur, au lieu de mettre l'accent sur la beauté formelle, qui demeure plus classique. L'interprétation est très enjouée, pleine de vivacité et d'énergie, surtout dans le troisième mouvement.

Vient ensuite la Sonate de Requiem d'. Enfant précoce, sinon prodige, il étudie au Conservatoire de Paris dès l'âge de 10 ans et compose son opus 1 à 11 ans. Cette Sonate, écrite en 1979 en hommage à sa mère récemment disparue, est « le cheminement de l'âme après la mort » selon l'auteur. Essentiellement tonale, l'œuvre, qui se joue d'un seul tenant, est une sorte de patchwork de nombreux thèmes, motifs et citations (chants populaires, marches militaires…) combinés de diverses manières, qui, d'après le programme, « sont autant d'apparitions de vision, d'hallucination, d'échos oniriques, autant de réminiscences du monde humain que l'âme du défunt perçoit tandis qu'elle s'élève ». L'exécution est effectivement « spirituelle », d'une intense concentration, avec des sons changeants mais très riches, malgré la succession de ces éléments dans des climats à chaque fois différents, pour laquelle un violoncelliste médiocre aurait certainement du mal à donner une unité. Pour les curieux, signalons que les deux musiciens ont enregistré cette Sonate chez Accord/Universal, avec le Concerto pour violoncelle « Durch Adams Fall » du même compositeur.

Après l'entracte, dans la célèbre Sonate de Franck, la souplesse du tempo déjà perceptible dans Beethoven devient plus nette, en particulier dans la partie solo du piano. Le contraste dynamique est également mis très en avant au piano, ce qui surprend parfois. Le violoncelle a une largeur remarquable de sonorité, ce qui impressionne l'auditeur.

Pour clôturer la soirée, Le Scherzo de la Sonate de Rachmaninov et l'Adagio de la Sonate n°5 de Beethoven. Un pur moment de bonheur.

Crédit photographique : © Jean-Philippe Raibaud

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