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Désespérante perfection !

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A quoi peut bien servir un chroniqueur quand la perfection est à ce point évidente, pour échapper au psittacisme ? Que dire, écrire et penser, qui n'ait pas été mille fois dit, écrit et pensé ?

Inviter Gautier Capuçon et , c'était faire le choix de l'excellence. Leur rigueur technique et leur sensibilité raffinée se sont exprimées à travers quatre pièces très différentes, dans une une sympathique complicité musicale et amicale, avec courtoisie et élégance : deux Variations (l'une, nostalgique, de Martinù – 1959 -, l'autre subtile de Beethoven sur La Flûte enchantée de Mozart – 1801 -), et deux Sonates, claire et grave de Prokofiev (1949), allègre et profonde de Mendelssohn (1843).

joue un instrument du XVIIIe siècle (Matteo Goffriler de 1701 ou Joseph Contreras de 1746, prêté par la BSI), avec un archet de Dominique Peccatte, qu'il vient d'acquérir grâce à Colas, co-producteur de son dernier enregistrement.

Des quelque quatre cents ouvrages, de genres divers, écrits en un demi-siècle par Martinù, né en Bohême mais vite fixé en France par admiration des compositeurs de ce début de XXe siècle, le duo nous a offert la toute dernière page de musique de chambre, Variations sur un thème slovaque : la nostalgie du pays natal quitté depuis plus de vingt ans, s'y écrit avec intensité, que les interprètes ont restituée avec une sobriété d'autant plus poignante.

Les trois mouvements de la Sonate opus 119 de Prokofiev, créée par Rostropovitch et Richter, sonnaient, eux, tout différemment, mettant en valeur un magnifique dialogue piano-cordes, entre thèmes folkloriques et lyrisme (1er mouvement), fulgurances sensuelles et envolées aériennes (2e mouvement) et respirations poétiques, virtuosité classique mais distanciée (3e mouvement).

Si la transformation thématique est devenue par la suite un genre bien connu, en 1802 Beethoven faisait figure de précurseur dans sa série de Sept variations pour violoncelle et piano (au cœur de neuf séries diverses) ; les couleurs fines et multiples de celle qui se décline autour de La Flûte ont été fort applaudies, de même que la Sonate de Mendelssohn qui, toutes célébrations du bicentenaire terminées, ne déçoit jamais, tant dans le lyrisme brillant (allegro) que dans la coloration religieuse (adagio) et l'exultation finale.

Sans oublier la célébrissime Méditation de Thaïs, en rappel, aussi sublime au violoncelle qu'au violon traditionnel. Et quand la légèreté du doigté et de l'archet se marient avec l'extrême facilité du jeu, on ne peut que saluer la grande classe !

Crédit photographique: photo © Geneviève Allène-Dewulf

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