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Sur bord de l’eau, sur bord de Loire

Festival de Sully et du Loiret

Sully-sur-Loire, église Saint-Germain. 22-V-2010. Best of Purcell. Spectacle conçu sur des musiques de (1659-1695) par Frédérique Chauvet et David Prins. Mise en scène : David Prins. Costumes et accessoires : René Van Der Leest et Sigrid Van Kleef. Compagnie Barokopera Amsterdam, direction : Frédérique Chauvet

Sully-sur-Loire, Château. 23-V-2010. Ludwig van Beethoven (1770-1827) : Sonate pour violon et piano en la majeur «Le Printemps» op. 25 ; Piotr Illitch Tchaïkovski (1840-1893) : Valse-Scherzo ; (1822-1890) : Sonate pour violon et piano en la majeur. , violon ; Roberto Giordano, piano ; Claude-Henri Joubert, présentation

Le Festival de Sully-sur-Loire prend une dimension départementale pour sa 37e édition, rebaptisé en «Festival de Sully et du Loiret», inondant de musique en cette fin de printemps cet endroit un peu oublié, coincé entre l'Ile-de-France et les Châteaux de la Loire.

Début de fin de semaine par le Barokopera Amsterdam. Cette petite compagnie formée de chanteurs et instrumentistes s'est donnée pour mission de défendre le répertoire baroque non seulement au concert mais par des spectacles à la fois musicaux et didactiques. Sous le titre un peu racoleur de Best of Purcell se cache un spectacle intelligent, narrant la vie de Purcell au gré d'extraits de son œuvre, des pièces les plus sérieuses (Dido and Aenas, King Arthur, …) aux catches, chansons à boire des réunions dans les tavernes londoniennes. La légende veut que Purcell, assez porté sur la boisson, soit décédé prématurément devant son domicile : Mme Purcell ne voulait pas ce soir ouvrir la porte à son mari, ivre mort. La tuberculose, qui sévissait à ce moment, est une fin plus probable au niveau historique pour notre compositeur.

Quelques accessoires et des costumes stylisés suffisent à nous transporter dans la Londres du XVIIe siècle au milieu de l'église désacralisée Saint-Germain. Le quintette vocal réuni est de qualité et forme un ensemble homogène. Les textes, lus par les chanteurs dont bien peu maîtrisent la langue de Molière – mais savent la prononcer, sont colorés d'un petit accent indéfinissable qui permet une meilleure distanciation et justifie toutes les mises en abymes du metteur en scène David Prins. Frédérique Chauvet dirige avec fermeté son ensemble, hissant ce spectacle à son meilleur niveau. Une idée de programmation à reprendre pour d'autres festivals.

Le lendemain, concert bien plus conventionnel. Les courtes interventions humoristiques de Claude-Henri Joubert, présentateur des œuvres, sauvent un programme des plus convenus, formé d'une pièce virtuose encadrée par deux pavés du répertoire. Les violonistes prendront-ils un jour conscience pour leurs récitals que leur répertoire ne se limite pas à cette Sonate «Le Printemps» de Beethoven, à celle de Franck ou encore – parmi les plus ressassées – la n°3 de Brahms ou Tsigane de Ravel ? Sans tomber dans le rarissime, Schumann, Dvořák, Saint-Saëns ou Grieg existent… Le talent de n'est pas à remettre en cause, il s'adapte aussi bien à l'écriture presque symphonique de Franck qu'à celle, plus chambriste, de Beethoven ou à la virtuosité débridé de la Valse-Scherzo de Tchaïkovski. Nous resterons plus circonspect sur Roberto Giordano, qui après un Beethoven très prosaïque, ne se réveille réellement que dans la Sonate de Franck.

Le Festival de Sully et du Loiret continue jusqu'au 6 juin. L'occasion de découvrir une région en musique.

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