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Messe pour les temps présents ?

reçut une commande pour marquer l'inauguration du centre John F. Kennedy pour les arts de la scène de Washington. La bâtiment avait été construit avec des fonds débloqués suite à l'assassinat du président des USA, en 1963. La soirée du 8 septembre 1971 fut marquée par la première audition de cette Messe  : œuvre théâtrale pour chanteurs, acteurs et danseurs.

Au début des années 1970, Bernstein est bouleversé par le conflit au Viêt-Nam qui s'éternisait douloureusement mais aussi par l'invasion de la Tchécoslovaquie par les Soviétiques, en 1968. Dans une note d'introduction, le compositeur affirma qu'il souhaitait, en ces temps de doutes : «communiquer de manière aussi directe et universelle que possible une réaffirmation de la foi». Dans sa partition, le chef-compositeur fait exploser toutes les conventions. Choisissant le rituel liturgique catholique, il lui fait subir un traitement dramatique et ironique. Du côté des moyens requis, Bernstein utilise un instrumentarium étonnant et détonnant : deux orchestres, une basse, une guitare électrique, de nombreuses percussions (avec de nombreuses percussions de rues comme des boîtes de conserve ou des tambours d'acier), une fanfare, des groupes de blues et de rock, des chœurs d'adultes et d'enfants, et des bandes magnétiques. En ce qui concerne les styles musicaux, le musicien englobe dans une même partition classique, jazz, blues et rock ; il en résulte une fusion parfois dissonante mais souvent explosive des genres ! Ce sillon musical est un incontestable chef d'œuvre, mais il suscita, lors de sa création, une véritable levée de boucliers ! Le président Nixon et Jacqueline Onassis refusèrent d'assister au concert ! Du côté des autorités religieuses, le clergé étasunien cria au sacrilège ! En dépit de quelques grognements du côté de la presse, l'accueil public fut, quant à lui, chaleureux en enthousiaste.

Pendant longtemps, le seul enregistrement disponible fut celui de Bernstein lui-même (Sony). En 2004, Kent Nagano (Harmonia Mundi), inattendu dans une telle œuvre, livra une nouvelle version de référence avant que Marin Alsop (Naxos) et son orchestre de Baltimore ne sa lancent, avec brio, à l'assaut de la partition. C'est au tour de , le petit dernier de la famille Järvi, de laisser sa version. Le chef, à la tête de forces autrichiennes et de son Absolute ensemble de New York est un maître de cérémonie énergique et passionné.

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