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Bon anniversaire au Regard du Cygne !

Le Regard du Cygne fête 25 ans d'accueil chaleureux et enthousiaste de danse et de musique dans cet ancien atelier au charme intact niché sur les hauteurs de Belleville.

Lors de la troisième et dernière des soirées exceptionnelles proposées pour cet anniversaire, Toshiki Oiwa offre une version inédite du Sacre du Printemps. Interprétée ici dans sa transcription pour piano à quatre mains par Florestan Boutin et Mickaël Ertzscheid, elle prend toute son acuité dans cet espace intimiste et concentré. La danseuse, en chemise blanche cintrée et pantalon, y répond de façon minimaliste, sans emphase, avec un vocabulaire restreint de gestes choisis (déhanchements à la Trisha Brown, doigts levés, épaules courbées) toute à l'intensité du moment. De temps à autre, dans l'éclair d'un néon, elle poursuit sa mue, ceignant sa tête d'une bande Velpeau et se dévêtant, laissant apparaître des sous-vêtements de couleur chair.

Après l'entracte, Rosalind Crisp et Max Fossati proposent Regarding d a n s e, une petite forme extraite de la recherche du projet 2011. Leur vocabulaire chorégraphique est aussi minimaliste que celui de la danseuse japonaise. Gestes presque imperceptibles, intentions subtiles, ce travail demande au spectateur un aiguisement des sens, non sans être dénué d'humour. Il instaure entre les deux interprètes une conversation dont l'autre ne possède pas toutes les clés de compréhension. De plus en plus absurde, de plus en plus drôle, la conversation s'emballe, fait l'autruche, entre grâce et gaucherie, entre raison et idiotie, entre effarement et éblouissement, jusqu'au « Whaouh ! » final. Gonflé !

Dernier de cette soirée, se lance dans un duo brut et sauvage qui démarre très fort. Puis, alors qu'une voix off répond à la question « A quoi pensez-vous quand vous dansez ? », reste seul pour construire à l'aide de bâtonnets de bois un plateau géant de Petits Chevaux, dessinant un Mandala géant qui donne son titre au spectacle. Une tentative émouvante d'approche de la création chorégraphique.

Le point commun entre ces trois propositions ? Authenticité et sincérité, à l'image du lieu, resté dans son jus, et qui le restera, on l'espère, encore longtemps.

Crédit photographique : © Brigida Rodrigues

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