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Gergiev dirige le Philharmonique de Rotterdam dans Brahms

En mai 2008, tirait sa révérence en tant que Directeur musical de l'. Ce temps fort était une étape importante dans la longue relation entre le chef et l'orchestre batave. Invité depuis 1988 à diriger régulièrement la formation, il fut nommé, en 1995, au poste de Directeur musical avant de fonder, l'année suivante le Rotterdam Philharmonic Gergiev Festival, dont il continue d'assurer la supervision artistique.

Il va s'en dire que l'on attendait plutôt un concert d'adieu pétaradant qui corresponde au tempérament bouillant du charismatique chef : une symphonie de Mahler ou un Sacre du printemps ! Pourtant, le musicien a préféré porter son choix sur l'émotion du Requiem de .

Gergiev, en bon musicien, sait prendre le pouls de l'œuvre et avance dans la partition avec pudeur et retenue. Les tempi sont amples et permettent au chef d'imposer une lecture plutôt respectueuse des nuances et du texte mais dénuée de vécu et de tension. «Denn alles Fleisch es ist wie Gras» est ainsi un bon résumé de cette lecture : le tempo est mesuré, certains détails sont bien cernés (les timbales), les interventions chorales sont sublimes, mais on reste trop en survol du contenu dramatique la partition.

Le chœur de la radio suédoise est l'atout majeur de cette interprétation avec son homogénéité, ses couleurs et sa diction. Les choristes présentent absolument tous les éléments du cachet brahmsien avec ce mélange de lumières automnales et de nostalgie. Très peu de formations chorales peuvent aller aussi loin dans la compréhension musicale d'un texte. Les deux solistes sont vaillants et bien chantants, même s'ils semblent, comme le chef, trop extériorisés par rapport à la musique.

L'Orchestre de Rotterdam est techniquement huilé et précis, mais il semble un peu hésiter dans cette œuvre si éloignée du répertoire traditionnel de son chef. Il cherche son chemin entre tradition et rubato (école Gergiev) ou respect musicologique (l'absence de vibrato de l'école Herreweghe ou Bruggen qui dirigent souvent l'orchestre) ; les cordes sont ainsi, très souvent, interrogatives sur la ligne à suivre.

La captation télévisée, très sobre et foncièrement classique, n'évite pas un ennui esthétisant (très belles images !) et poli. Le son s'avère lui particulièrement flatteur.

Le Requiem de Brahms, presque absent du marché des DVD de musique classique (il n'existe qu'un vénérable DVD avec Karajan chez Sony), connaît ici une réalisation honnête et présentable à défaut de s'avérer géniale. Les amoureux de l'œuvre continueront essentiellement à chérir leurs disques de : Kempe (EMI), Guilini (DGG) ou Gardiner (Philips).

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