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Nocturnes de Carl Czerny

Non, on ne savait pas que Czerny avait écrit autant de Nocturnes. Non, on n’aurait guère imaginé qu’il possédait un esprit aussi poétique et romantique. Excellent pédagogue (professeur de Liszt) et compositeur fécond avec plus de 1000 opus, surtout connu pour ses exercices techniques (la plupart écrits pour permettre de mieux jouer les œuvres de Beethoven, son professeur), exécrés par des générations de pianistes en herbe, c’était donc un bon mélodiste, à l’instar de Bellini, de Chopin et plus tard, de Verdi. Comme les autres enregistrements – hélas trop rares pour l’instant – d’œuvres de ce compositeur mal connu, ce disque fait l’effet d’une surprise et modifie (heureusement !) notre jugement sur lui.

Ce disque comprend 17 Nocturnes dont 16 constituent un premier enregistrement mondial et, comme le dit la jaquette, «sans doute joués pour la première fois depuis plus de 150 ans !» La série de 8 Nocturnes op. 368 est d’une inspiration analogue à celle de Field, fondateur du genre. On note certaines similitudes avec les Nocturnes de ce dernier mais aussi de Chopin. La deuxième série, l’opus 604, est plus originale et plus virtuose. Chaque pièce porte un titre lié à des émotions, tels que Le Désir, La Colère, L’Excuse, La Consolation… et s’éloigne parfois de l’image que nous faisons du mot «nocturne». L’opus 647, dit la «Reine», est une pièce isolée.

Isabelle Œhmichen affirme avoir tenu à respecter scrupuleusement les indications très minutieuses du compositeur, presque sur chaque mesure. Ce parti pris est judicieux, car nous pouvons ainsi percevoir clairement les intentions de Czerny, «même quand elles [indications] poussaient à une interprétation ultra-romantique», dit la pianiste. Mais peut-être ce caractère «ultra-romantique» était-il une évidence esthétique de l’époque, beaucoup plus appréciée que nous ne l’imaginions, et qu’il était probablement fortement exigé pour ce genre de morceaux.

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