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Pavarotti à Glyndebourne illumine Mozart

Le 29 avril 1961, aux côtés de sa sœur de lait , un jeune ténor italien du nom de brûlait les planche du théâtre lyrique de Reggio Emilia dans une mémorable interprétation de Rodolfo de «La Bohème» de Puccini.

C'était le début de la carrière que l'on sait. A peine trois ans après ces débuts remarqués, il est invité au prestigieux festival de Glyndebourne pour les représentations d'un Idomeneo de Mozart.

Si nous sommes encore loin des interprétations actuelles, peut-être plus respectueuses de la lecture musicale mozartienne, cet enregistrement vaut le détour ne serait-ce que par la lumière qu'apporte le chant de à la partition mozartienne. Empoignant le rôle d'Idamante, d'habitude dévolu à une mezzo-soprano, Pavarotti gratifie l'audience de son extraordinaire projection vocale à l'italienne, une manière de chanter si malheureusement disparue des scènes actuelles. Et quelle diction ! A 29 ans déjà, il possède une technique vocale si parfaite que chaque mot est chanté avec la clarté d'un acteur de théâtre parlé classique. Et plus encore, le mot est chargé des couleurs du discours théâtral même si son phrasé n'en fait pas un Mozartien naturel.

Aux côtés de cet Idamante lumineux, une autre révélation vocale de ces soirées. La soprano autrichienne , de deux ans la cadette de Pavarotti, installe l'une des plus belle voix du siècle dernier dans une Illia de charme. Avec des aigus d'une beauté surnaturelle, elle entoure son personnage d'un éther sublime. Quel bonheur que le disque qui permet d'écouter, encore et encore, ce chant désincarné. Se laisser envahir par l'émotion que de telles voix donnent à l'homme. Sublime d'intensité émotionnelle que ce Se il padre perdei !

Certes, le reste de la distribution n'est pas à négliger. Au premier rang desquels, le ténor , légendaire Idomeneo de Glyndebourne qu'il a chanté pendant près de trente ans, offre une prestation dont la sensibilité du phrasé souligne admirablement le caractère noble et anxieux du personnage. Bien sûr, les années soixante ne sont pas aussi exigeantes que les nôtres pour la prononciation de la langue de Dante et dans la gorge de , la langue italienne souffre.

Dans sa direction d'orchestre, ne s'embarrasse malheureusement pas du soin qu'il aurait pu apporté à la partition de Mozart. En particulier, les accompagnements des récitatifs sont quasi inexistants. Il est vrai qu'ils ont été outrageusement tailladés ! Seuls moments de grâce, ceux qui accompagnent les airs d'Illia, comme si l'authenticité vocale de avait inspiré tout le London Philarmonic Orchestra !

Reste qu'avec ce coffret (par ailleurs superbement présenté dans la désormais très belle collection des prestations lyriques de Glyndebourne), le magnifique document aujourd'hui officialisé mérite de figurer dans la discothèque des fans de Pavarotti et de Janowitz.

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