Philippe Herreweghe dirige Stravinsky ! L'affiche qui peut paraître étonnante, ne l'est pas franchement car, le chef belge a déjà pratiqué la musique du XXe siècle et il a même enregistré deux beaux disques consacrés à Kurt Weill et Arnold Schönberg (Harmonia Mundi). Mais l'occasion était trop tentante de se confronter à l'auteur du Sacre du printemps avec son cher Collegium Vocale.
Le programme, très cohérent, est centré sur la Symphonie de psaumes. La qualité du chœur fait tout l'attrait de cette interprétation avec une homogénéité, une projection et une variété de couleurs que peu de formations peuvent faire valoir. La direction du chef s'avère très rigoureuse, précise et narrative même si certains musiciens sont plus nets à la tête d'orchestres plus riches en timbres. On attendrait parfois plus de mysticisme comme dans le dernier mouvement « Alleluia.Laudate Dominum ».
C'est dans les « petites formes » que le musicien est à son meilleur. Sa gestion attentionnée des masses et des équilibres font des lectures du Monumentum Pro Gesualdo et de la Messe pour chœur et vents, des modèles du genre. Rompu aux musiques chorales baroques et à leurs petites formes, le chef sculpte patiemment les blocs instrumentaux et choraux. Les couleurs du chœur font le reste de la magie. En intermède dans ce programme, Herreweghe nous propose l'instrumentation stravinskienne du Choral-Variationen über das Weihnachtslied de Bach. Certes, anecdotique, cette édition montre le peu de scrupule du compositeur. En effet, il n'hésite pas à ajouter des lignes de contrepoint au chef d'œuvre du cantor de Leipzig…
Philippe Herreweghe signe ici, un disque très personnel qui restera majeur dans sa discographie.