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L’art de Bernard Foccroulle pour Bach

est devenu un intime de la musique de , comme l'a illustré récemment son intégrale de l'œuvre pour orgue du maître allemand, un des sommets de la musique enregistrée.

L'Art de la fugue n'a pas été inclus dans cette intégrale car l'assignation instrumentale demeure controversée : il ne s'agirait pas de pages destinées spécifiquement à l'orgue. a néanmoins poursuivi son travail de recherche et de familiarisation avec les instruments d'époque : le contact avec des orgues proches de ceux qui jouait Bach lui a beaucoup appris et marque son interprétation. Son toucher est adapté au répertoire, souple, témoignant d'une adéquation au clavier – chaque orgue ayant ses réactions particulières. Le choix de cet orgue strasbourgeois a comme toujours chez lui été guidé par l'œuvre, car il offrait une variété des jeux de fonds de 8'et 4'. Il en résulte une version très claire et une utilisation étonnamment maîtrisée du vent de l'orgue. La lecture des voix est limpide, sobre et inspirée.

La répartition inhabituelle des différentes séquences est justifiée par dans la notice du disque. Le traitement contrapuntique a guidé le déroulement, laissant émerger une nouvelle construction : un chromatisme s'impose progressivement, tandis que le sujet principal tend à se raréfier. La culture bachienne de l'interprète transparaît dans sa maîtrise très personnelle de l'œuvre et du geste compositionnel de Bach. Le jeu, solide et rigoureux, reste vivant tout au long de l'œuvre. On apprécie l'homogénéité de l'ensemble, la transparence de la polyphonie, intelligible et lumineuse.

La présentation des sujets de chaque contrepoint émerge avec clarté dès sa première occurrence, qu'il s'agisse du phrasé, du toucher ou de la registration, avec des jeux qui sont tout sauf ronflants. On ne peut qu'être sensible aux inflexions presque dansantes du Contrapunctus 2. Le Contrapunctus 4 exploite les jeux aigus et en particulier des sonorités presque flûtées, qui s'associent sur la plage 8, Canon in Hypodiapason (Canon alla Ottava), à la légèreté de rythmes rapides. Le deuxième disque se termine sur deux versions successives du Contrapunctus 14 : la première inachevée, la seconde avec une fin composée par Bernard Foccroulle – une section courte, évitant volontairement de multiplier modulations, fioritures ou virtuosités d'écriture. Deux registrations différentes les opposent, la deuxième plus sonore et rutilante permettant de clore le récital en beauté.

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