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Intégrale symphonique Sibelius par Guennadi Rojdestvensky : historique !

Melodiya offre, pour la première fois en CD, l'intégrale des symphonies de sous la baguette de Guennadi Rojdestvensky. Cette somme, gravée entre 1969 et 1974, était devenue mythique et légendaire auprès des amateurs ! On se réjouit donc, de retrouver, enfin en 2010, ce coffret !

Il faut un temps d'adaptation à la « culture d'orchestre » soviétique. À une époque de standardisation de la sonorité des instruments, on a perdu l'habitude de cette école nationale de l'Est de l'Europe avec un son très aigre, des vents acides, des cuivres braillards et instables. On est loin de la beauté de la Philharmonie de Vienne qui enregistrait, globalement à la même époque, une brillante intégrale sous la battue de (Decca). En matière de prise de son, la stéréo Melodiya est assez précaire et peu précise, loin des standards occidentaux de l'époque. Il n'empêche, il est important de rendre grâce au travail fascinant du chef.

La vision de Rojdestvensky repose sur un travail très personnel sur les tempi, les équilibres et surtout les transitions thématiques. Fuyant un Sibelius haché et monolithique, le chef impose une variété de couleurs et des climats qui laisse libre cours à la construction des mouvements, envisagés dans leur globalité, plutôt que comme une succession d'épisodes. Cette conception n'est pas si éloignée de Bruckner ou Brahms mais avec ce sens du détail et de la couleur qui tire vers la musique russe.

Guennadi Rojdestvensky est particulièrement à son aise dans les climats énigmatiques et décantés de la symphonie n°4. Le chef creuse, avec pugnacité, dans la matière instrumentale et soulève des ombres tourmentées et fantomatiques.

Cette somme, exigence, n'est certainement pas à conseiller pour découvrir ces symphonies. Les versions Maazel (Decca), Segerstam (Brilliant), Rattle (EMI) ou Berglund (EMI) sont parfaites pour une première approche. Mais pour les amoureux de cette musique, ce coffret est un jalon essentiel de la discographie et de l'art de l'interprétation. Comme les derniers enregistrements de Bernstein (DGG) ou l'intégrale Sanderling (Berlin Classics ou Brillant), le chef questionne le texte en tirant une sève autant nouvelle que personnelle.

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