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Heitor Villa-Lobos toujours superlatif par l’Orchestre symphonique de Sao Paulo

En complément de son intégrale des Choros (disponible en coffret économique et primée d'une clef de l'année ResMusica 2009), avait gravé l'incroyable Floresta do Amazonas, une fresque en technicolor en hommage au Brésil, elle nous arrive, aujourd'hui, en SACD.

Composée au soir de sa vie, cette Forêt d'Amazonie était, à l'origine, une musique de film. Villa-Lobos reçut une commande pour un film produit par la MGM. Mais, l'artiste n'avait aucune idée des impératifs techniques et pratiques de ce type de musique. Il se lança dans la composition, en suivant, comme pour un ballet, la trame du scénario. Mais le résultat était impossible à combiner avec l'action du film. La MGM confia la partition à l'un de ses fidèles collaborateurs qui, à partir de certains thèmes, écrivit une nouvelle partition. Pour un musicien de l'importance de Villa-Lobos, cette attitude frisait l'insulte et le compositeur le prit d'ailleurs très mal ! Il ne se désarma pas et récupéra le matériau inutilisé pour le film et ajouta des numéros, dont les superbes passages confiés à la soprano donnant une ampleur d'épopée à cette partition.

La notice de présentation met bien en valeur l'originalité et les particularités de l'œuvre de l'Indien blanc : «c'est Villa-Lobos lui-même-modeste, créatif et romantique-qui communique ce qui a surgi dans son âme pour décrire le Brésil, sa patrie bien aimée. Et il le fit au moyen de la région qui, à cause de ses forêts pluviales, est la partie la mieux et la plus convoitée du Brésil : l'Amazonie». Le grand orchestre est renforcé d'un chœur d'homme et d'une soprano. Le chœur d'homme scande un chant à l'unisson de syllabes de la langue nheengatu des indigènes de l'Amazonie et la soprano, par diverses vocalises, évoque des chants d'oiseaux.

Le musicologue Roberto Duarte a scrupuleusement veillé au matériel d'orchestre utilisé, recoupant certains sources. Les musiciens jouent donc le plus fidèlement possible aux intentions de l'Indien blanc.

On a déjà épuisé, lors des parutions précédentes, tous les superlatifs, par rapport au jeu de l'Orchestre Symphonique d'Etat de São Paulo et à la précision d'un chef qui évolue, avec facilités et sens des couleurs, dans cet univers musical, mais, on ne se lasse pas du son de cette phalange qui n'a, décidément, rien à envier aux grands orchestres de l'hémisphère nord. C'est évidemment, la grande version de l'œuvre, même si, on peut toujours chercher celle gravée par Villa-Lobos et Bidu Sayão (EMI).

Les derniers de mots de cette chronique sont adressés aux programmateurs de nos salles de concerts : qu'attendent-ils pour monter une telle partition ? C'est quand même plus festif et attrayant que de vider les salles à coups de Mahler et Bruckner !

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