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Sonates de Bach pour viole de gambe et clavecin obligé

Contrairement aux Partitas pour violon solo ou aux Suites pour violoncelle, les trois sonates de Bach pour viole de gambe et clavecin obligé sont des œuvres isolées n'ayant pas été agencées en collection. Mais toutes trois ont en commun une grande créativité stylistique et, plus généralement, cette intelligence dans la composition qui caractérise l'œuvre de Bach. Les trois pièces BWV 1027, 1028 et 1029 sont issues de sonates en trio réduites à deux voix, la main droite du clavecin jouant à une deuxième voix, égale à celle de la viole et la basse continue, et la main gauche une voix servant de basse continue. Ces sonates ont été spécialement adaptées pour la tessiture unique de la viole de gambe.

Mais, que l'on soit ou non fervent défenseur des interprétations de la musique baroque sur instrument d'époque, les Sonates de Bach pour clavecin obligé et instrument mélodique s'apprécient toujours dans la manière dont est mise en valeur de cette musique intemporelle : si nos instruments modernes ont gagné en puissance, et que les nuances et les couleurs recherchées par Bach y sont encore restituables, encore faut-il relever cet ambitieux défi… Et si l'interprétation donnée par Jan Vogel et sait souligner le génie intellectuel de ces sonates, l'on ne dépasse malheureusement pas le stade de l'analyse musicale, à défaut d'être véritablement transporté.

La qualité de prise de son est plus que décevante, le rendu du son du violoncelle est acidulé, presque synthétique. Surtout, c'est la nervosité de jeu, saccadant le phrasé, qui fait perdre le charme des sonates et des Chorals choisis dans ce programme. La beauté des contrepoints de la Sonate en sol majeur (BWV 1027) est certes restituée, notamment dans l'andante, et l'allegro moderato. Mais quant à la sonate en ré majeur (BWV 1028), le discours musical des parties rapides est littéralement taillé à la hache, les articulations martelées. L'on regrette des versions aux phrasés plus homogènes et néanmoins nuancés des Guigues ou Savall. Ces interprétations savent tout autant aller à l'extrême des nuances et gagner en vigueur et en brio dans les mouvements plus rapides.

Voilà une prestation qui fait dire que la musique ne devrait pas parler qu'à l'intelligence, mais aussi au cœur…

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