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Chopin par des pianistes de légende

À l'image par exemple de EMI Classics qui nous a régalé d'un beau petit coffret Arthur Rubinstein, il n'est guère d'éditeur qui ne consacre au moins une de ses productions à , en ce bicentenaire de sa naissance, et Marston Records ne déroge pas à la règle, en nous proposant une réalisation d'un genre un peu particulier mais en tout cas bien originale et correspondant parfaitement à la politique artistique de cet excellent label d'enregistrements historiques : offrir en quatre CDs une sélection représentative des œuvres de Chopin jouées par une multitude de pianistes ; et quand nous disons multitude, c'est loin d'être une exagération : pas moins de 65 interprètes (l'en-tête de l'article en déroule la liste) se partagent les 90 exécutions de ce généreux album, depuis les deux antiques cylindres de du Nocturne en mi op. 62 n°2 et de la Valse en ré bémol «Minute» op. 64 n°1, tout premiers témoignages gravés connus de la musique de Chopin le 12 février 1895 à Moscou, jusqu'à la captation à Fort Lauderdale en Floride, le 13 décembre 2003, du Nocturne en ré bémol op. 27 n°2 par .

Quasi 109 années – à deux mois près – séparent donc ces deux enregistrements… Cela tient du miracle ! Et entre ces deux pôles, que de richesses à découvrir ! Quand on réalise que (1839-1934) et (1848-1933), qui font partie de cette anthologie, étaient nés lorsque Chopin était encore vivant, cela donne le vertige… Bien sûr il existe certainement de meilleures versions de l'Étude en ut op. 10 n°7 que celle de Planté, mais il l'a enregistrée à l'âge de 89 ans ! Ward Marston a d'ailleurs choisi d'inclure l'intégralité des 27 Études de Chopin (y compris les 3 Nouvelles Études) par 25 pianistes, ainsi qu'un choix de Ballades, Impromptus, Mazurkas, Nocturnes, Polonaises, Préludes, Scherzos, Valses, et même de mouvements de Sonates et du Concerto n°2 en fa mineur op. 21, chaque exécution donnant une approche musicale personnelle.

La page du label Marston Records fournit les détails précis des œuvres, des interprètes et des enregistrements. Certaines de ces gravures sont déjà bien connues des mélomanes en raison de leur statut légendaire (Cortot, Friedman, Lipatti…), alors que beaucoup d'autres leur seront de délicieuses surprises, provenant d'exécutions de concert ou d'enregistrements épuisés.

Il n'est évidemment pas question de commenter ici chacune de ces interprétations en détail, mais il convient de souligner que , le fameux critique musical du New York Times, écrivait, au sujet du pianiste polonais dont l'enregistrement du Nocturne en mi bémol op. 55 n°2 était quasi universellement admiré et pouvait bien être le plus grand enregistrement Chopin jamais réalisé : «… [c'est] l'exécution la plus belle, la plus chantante, la plus parfaitement proportionnée d'un nocturne de Chopin jamais commise au disque.» En privé il précisait : «ce pourrait même être l'unique plus bel enregistrement jamais réalisé de n'importe quoi.»

La plaquette est extrêmement riche et informative, consacrant quelques lignes et une photographie à chacun des 65 pianistes, une note de et Ward Marston sur le choix des enregistrements, ainsi qu'un essai exhaustif de sur Chopin et son interprétation. Cette anthologie, associée à celle consacrée aux enregistrements légendaires de pianistes-compositeurs, permet d'écouter de grands moments rares de l'aventure musicale grâce à la préhistoire du disque, exhumés et préservés idéalement, une fois de plus, par Ward Marston depuis son studio magique.

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