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Ne tirez pas sur le pianiste Francesco Piemontesi

Un magnifique et dense programme, un pianiste exceptionnel, un chef au sommet de moyens expressifs qui n'appartiennent qu'à lui : voilà ce que pouvait attendre le public munichois de ces concerts d'abonnement. Las ! On le sait, la santé de Mariss Jansons n'a pas été au beau fixe ces derniers temps, et cette annulation supplémentaire n'était pas vraiment une surprise, mais elle est d'autant plus regrettable qu'elle a été suivie de celle de son soliste Murray Perahia peu avant le concert.

n'a fait qu'un changement au programme prévu : à la place de la Symphonie n°97 de Haydn, c'est une œuvre de jeunesse de Ligeti, pleine de souvenirs folkloriques à la Bartók, qui ouvre le concert. Le choix est pertinent, tant les échos entre le Concerto Românesc (1951) et la Symphonie n°9 (1945) de Chostakovitch sont nombreux, au-delà même de leur proximité chronologique. L'un se réfugie dans un folklore réinventé, l'autre interroge les formes de la symphonie classique pour constater qu'elles ne préservent pas du pire : deux ailleurs musicaux pour lutter contre l'oppression. Soutenus par les solistes souvent éblouissants d'un orchestre dont la réputation internationale ne cesse de croître, développe une approche beaucoup plus sèche que celle de Mariss Jansons, moins emplie de l'humanisme chaleureux qui fait tout le prix de ses interprétations.

La seconde partie ne réserve pas d'enseignements musicaux aussi riches : non seulement l'œuvre choisie est on ne peut plus classique, mais l'interprétation qui en est donnée est bien peu éclairante. Le jeu du jeune pianiste italien est entièrement tourné vers la virtuosité, qui aboutit à un jeu uniforme où les notes déferlent avec une fluidité déconcertante : la musique de Beethoven s'en trouve privée de toute arête, de toute agogique, tandis que la variété du toucher pianistique est elle aussi sacrifiée.

On peut rendre grâce à de tenter de compenser ce manque de tension en donnant à sa direction toute l'énergie dont il est capable, au risque de créer un contraste insurmontable : on ne peut pas dire que cela sauve véritablement le concerto (la fin du second mouvement paraît ainsi interminable), mais du moins la responsabilité ne peut-elle lui en être imputée. a remercié le public chaleureux par un menuet de Haendel de meilleure facture, et on imagine bien qu'il est difficile de remplacer l'irremplaçable au pied lever, mais on en reste là : tous les remplacements ne peuvent pas être des miracles.

crédit photographique : (c) Marco Borggreve

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