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Anna Karenine, authentique passion sur la scène du Théâtre des Champs-Elysées

Lors d'un grand bal à Saint-Pétersbourg, Anna Karenine croise le regard de l'Officier Vronsky. Et c'est ainsi que tout commence.

a choisi, en 2005, de créer un ballet inspiré du célèbre roman de Léon Tolstoï : «Le roman d'Anna Karenine m'a toujours intéressé. Même en lisant la littérature d'aujourd'hui, on ne peut trouver de telles passions, de telles métamorphoses ou de telles fantasmagories. Tout cela est devenu le sens de mes réflexions chorégraphiques. »

rompt avec les règles strictes de l'académisme russe et développe un mode d'expression très personnel, lequel mêle, avec beaucoup d'élégance et de recherche, danse classique et danse contemporaine. Eifman ne tombe jamais dans l'écueil de la surenchère, mais invite à une relecture subtile de l'univers psychologique de l'héroïne russe.

La chorégraphie, nerveuse et sans temps morts, est sublimée par une troupe homogène. La prestation de , d'un lyrisme époustouflant, mérite en particulier tous les superlatifs. À la fois fragile et déterminée, soumise et rebelle, elle est déchirée entre devoir conjugal et passion amoureuse, incarnés respectivement par Karénine (Oleg Markov) et Vronsky (Oleg Gabyshev). Les portés, spectaculaires, expriment la quête d'un esthétisme qui passe également par le soin apporté aux décors et aux costumes.

Aucune longueur au sein de ce ballet qui dure moins d'une heure et demi : Eifman nous conduit à l'essentiel, accentuant encore par là l'effet «tourbillonnesque» de la passion fulgurante d'Anna. Et si l'on ressent parfois l'influence d'autres chorégraphes comme Maurice Béjart ou John Cranko (notamment l'Onéguine de ce dernier), insuffle une vraie personnalité à son travail et impose définitivement son propre style.

Servi par une troupe de haut niveau, solistes comme corps de ballet, Anna Karenine constitue l'une des plus heureuses surprises de ce début de saison. Cette plongée en profondeur dans le monde des passions témoigne d'une étourdissante force créatrice, laquelle, pour Eifman, est synonyme de «vie et de liberté».

Crédit photographique : © Boris Eifman

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