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Pour un Mozart apollinien

Chef-d'œuvre absolu du corpus chambriste mozartien, le Divertimento K. 563 est une pièce qui demande une connivence parfaite entre ses interprètes. Or, les trios à cordes régulièrement constitués sont relativement rares. Celui formé par Zimmermann / Tamestit / Poltéra se réunit un ou deux fois par an mais donne l'impression de jouer ensemble au quotidien depuis de longues années tant l'alchimie entre ces musiciens de talent est parfaite.

Armé d'instruments d'exception (deux Stradivarius, violon et alto, et un violoncelle Andrea Guarneri), l'ensemble possède une sonorité profonde et veloutée que les micros du label Bis ont su capturer de manière idéale. Les trois compères respirent et chantent comme un seul homme, coulant la musique de Mozart dans un moule qui confère à l'ensemble une cohésion aussi solide que souple –là où le Trio Grumiaux (Phillips), primus inter pares, faisait une distinction plus nette entre la mélodie et l'accompagnement. Cependant, malgré une intelligence et une musicalité de tous les instants (écoutez l'assise harmonique si subtile et raffinée de Poltéra !), on pourra se demander si derrière ce confort auditif, ne se cache pas un certain manque de relief (l'Allegro final mis à part). Dans ce domaine, le récent enregistrement de Gatto / Suys / Walnier (Ut3 Records) était remarquable.

Le Trio D. 471 de Schubert est un très joli complément dans lequel le compositeur, pas encore départi de l'influence de Haydn et Mozart, montre déjà tout son génie. Avec les mêmes qualités techniques et musicales que dans le Divertimento, le Trio Zimmermann «oublie» peut-être là aussi d'exploiter tous les contrastes de la partition. On ne se lasse toutefois pas de l'unité et du luxe étalés par la formation ce qui, à l'heure des interprétations»historiquement informées», confère à ce disque un léger parfum «old-fashionned» qui n'est pas sans charme.

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