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Le bon Tchaïkovski de Daniele Gatti

Il faut avouer que l'on peinait à se souvenir que avait enregistré les trois dernières symphonies et des tubes orchestraux de Tchaïkovski à la fin de son mandat auprès du Royal Philharmonic de Londres ! Harmonia Mundi, via sa filiale aux USA, réédite ce trio de CD, dans un fort beau coffret à la fois esthétique et enrichit par une notice de présentation exhaustive et passionnante ! L'idée est doublement pertinente car ces disques sont de haut niveau et ils viennent témoigner du talent du chef alors qu'il semble traverser une zone de turbulences se voyant siffler à peu près partout où il passe…

Dans un contexte discographique archi-chargé et bardé de références légendaires et contemporaines, le chef milanais tire son épingle du jeu avec des lectures « orchestrales » basées sur le sens de la progression et la beauté d'un orchestre en parade valorisé par une prise de son de démonstration. À ce jeu du brio c'est la symphonie n°4 et le Capriccio italien qui sonnent avec le plus de magnificence et d'efficacité. Le chef a une optique simple : il fonce droit devant lui mais son bras est assez intelligent pour ne pas jouer dans la catégorie « zim boum boum » et évite aussi de trop faire exploser les décibels. On obtient donc une lecture hyper efficace et musicale. Ce bonheur se prolonge dans un Capriccio italien de parade, élégant, mais avec ce qu'il faut d'irrévérence raffinée. Si le reste du coffret était de ce niveau, on tiendrait un must de toute discographie.

Hélas, le chef n'atteint pas les même sommets dans le restant du programme. Dans les symphonies n°5 et n°6, sa direction reste un modèle d'intelligence et de maîtrise, mais à force de retenir ses troupes en gardant le pied sur la pédale de frein, on perd en naturel. La symphonie n°5 sonne un peu comme un brillant « concerto pour orchestre » avec de beaux détails placés en avant et la « pathétique » n'a pas le force « rouleau compresseur » d'un Gergiev. Il en va de même des compléments orchestraux brillants, mais un peu trop intellectualisés, même si tout reste d'excellent niveau !

On tient donc un joli coffret, de haut niveau, mais qui manque, pour s'imposer comme une pierre angulaire de la discographie, du petit plus que l'on retrouve chez Gergiev (Philips) ou Jurowski (dans une intégrale en devenir pour le label du London Philharmonic). Techniquement, ce produit reste tout de même irréprochable et fera honneur à votre chaîne hi-fi !

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