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Lunéville : Un buffet d’orgue sans tuyaux !

Depuis le fameux traité de Dom Bedos de Celles remontant au XVIII° siècle et décrivant le buffet insolite, sans tuyaux apparents, de l'orgue de Lunéville, celui-ci s'est du coup retrouvé célèbre, grâce à la fois à cette caractéristique assez unique, et l'honneur de se retrouver dans cette encyclopédie dédiée à l'orgue.

A la demande de Stanislas Leszczynsky, ancien roi de Pologne installé à Lunéville comme duc de Lorraine dès 1737, l'église qu'il fit rebâtir devait contenir selon ses souhaits un tel orgue, représentant l'entrée du paradis ! C'est le facteur lorrain qui l'édifia en 1751, doté alors de 36 jeux sur 4 claviers et pédalier. Bien sûr, comme souvent, cet instrument subira avec le temps bien des épreuves et aussi diverses modifications. Grâce aux soins de avec la complicité de , cet orgue est aujourd'hui restauré depuis 2003, augmenté à 56 jeux, afin d'aboutir à une synthèse heureuse entre les esthétiques baroques et romantiques.

C'est une heureuse idée d'avoir choisi Lunéville pour illustrer le volume 2 de la nouvelle collection Ugab (Alpha), car la découverte est totale. Magnifiquement présenté comme le volume 1, cet album dont le livret est au format DVD, offre une iconographie de premier choix, et des textes remarquables, tant il est vrai que le sujet s'y prête.

Ce que l'on entend alors, est étonnant aussi : tout un monde sonore se cache derrière ce décor de théâtre, l'orgue offre une palette sonore très variée, ce qui permet à de proposer un programme assez étendu dans le temps. Le récital débute avec des transcriptions tirées d'opéras de Desmaret et de Lully, transcrites par l'interprète, à la manière de ce qui se pratiquait déjà à l'époque. Cela excite notre curiosité et apporte quelques pièces nouvelles dans ce répertoire baroque français déjà bien connu et joué. Vient ensuite , jadis organiste à Versailles, et noëliste distingué : une belle tierce en taille sur l'air «une jeune fillette», et le chœur d'anches. La deuxième partie du récital propose une série de pièces du XIX° siècle, illustrant ainsi la période romantique de cet orgue, montrant ses possibilités élargies, jusqu'à la célébrissime Toccata de Widor qui couronne en gloire ce concert. manie avec grande maîtrise, et courage parfois cette belle machine/orgue. Si les pièces baroques sonnent dans leur élément, les incursions plus tardives font apparaître ces œuvres dans un contexte différent : Il y a là un côté transparent du son qui se dispersera par la suite avec l'arrivée des grands instruments de Cavaillé-Coll. C'est dire le plaisir que l'on ressent à l'écoute de cette présentation savante.

Le monde de l'orgue offre toujours des découvertes, celle-ci est de taille.

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