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Emouvante rétrospective des Portraits dansés de Philippe Jamet

achève par une rétrospective à Chaillot sa vaste fresque vidéo de portraits dansés. Le bonus 2011 ? D'émouvants portraits de chorégraphes, comme Odile Duboc ou .

Démarré en 1999, le projet de Portraits dansés entraîne pendant dix ans de Marseille à Ouagadougou, de Ho-Chi-Minh Ville à New-York. Il rencontre chez eux, dans leur univers familier, des hommes, des femmes ou des enfants qu'il filme en plan fixe après leur avoir soumis un questionnaire intime. A ces questions, « Quelle est votre plus belle rencontre amoureuse ? » ou « Qu'est ce qui vous fait le plus peur dans la vie ? », ils doivent répondre par la parole, mais aussi par le geste.

Répétitif et normatif, le format vidéo très cadré enchaîne les témoignages les uns aux autres, dessinant en filigrane le portrait d'une ville, d'un quartier, d'un environnement. C'est un concentré d'humanité. On apprend beaucoup sur le rapport que les gens, jeunes ou moins jeunes, habitant une capitale ou une plus petite ville, entretiennent avec leur corps, leur environnement, leur appartement, leurs objets les plus familiers.

La scénographie proposée au Théâtre national de Chaillot exploite les vastes escaliers et le grand dénivelé de la colline de Chaillot. Une signalétique tonique, balisée par de grands tapis de couleurs, guide les pas des spectateurs. Cinq espaces équipés d'accueillants coussins sont ainsi proposés au public pour visionner les vidéos en boucle. Le dernier espace est le studio, qui propose toutes les heures une courte série de solos inspirés des thèmes traités par les vidéos. La danse est brute, presque spontanée, en écho à la sincérité des propos tenus par les témoins filmés.

Mais le plus émouvant passage de cette Rétrospective est sans conteste l'espace qui accueille les récents Portraits dansés de chorégraphes, réalisés en 2010. On y retrouve Marion Lévy enceinte, Philippe Decoufflé dont la nouvelle création est accueillie précisément à l'étage au-dessus, qui danse un extrait de Blue Lady et surtout Odile Duboc, disparue depuis lors. Filmée dans son appartement parisien, elle balaie d'un revers de main le cancer qui la ronge. A la question : « Quelle est la pire chose qui vous soit arrivée ? », elle répond : « Ne pas avoir pu honorer un contrat.  » Lorsqu'on lui demande « Quel est votre plus grand espoir ? », elle dit « Vivre longtemps », accompagnant le geste à la parole.

Crédit photographique : CND © DR

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