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La musique en technicolor avec Hilary Hahn et Pietari Inkinen

Un très bon concert assurément, placé sous le signe de l'Amérique. La Fanfare for the Common Man (bien connue des bacheliers 2010 et 2011) ouvre le concert à la manière d'un générique «Twentieth Century Fox», avec panache et force cuivres, cependant que le timbalier assure le spectacle avec sa gestuelle très dramatique. L'œuvre vaut ce qu'elle vaut, mais on peut dire qu'elle plante le décor ! Le concerto suivant peut ainsi donner libre cours à tous les caprices de son auteur. Pièce curieuse que ce concerto d'un compositeur qu'on retient surtout pour ses petits opéras ; visiblement marqué par Prokofiev, tant dans l'inspiration mélodique que l'instrumentation un peu grossière (troisième mouvement), l'œuvre alterne entre passages poétiques, voire sucrés à la manière hollywoodienne, et brusque soubresauts un peu plus canailles. L'unité du tout est assuré par le travail sur l'opposition des modes majeurs et mineurs, mais on se demande quand même où tout cela va nous mener, à l'image du mouvement central, qui promet tout et déçoit d'autant plus. est impeccable de son côté, d'une assurance et d'une musicalité délectables, même si on souhaiterait qu'elle débride un peu plus son éventail d'intensités. Très chaleureusement accueillie (et visiblement attendue), elle nous gratifiait avant l'entracte de deux bis tirés de Bach.

Après cette œuvre très urbaine, le Dvořák faisait souffler le vent des grandes plaines sur la salle Pleyel. Parfois un peu brouillonne du fait du manque d'équilibre entre les cordes et les cuivres, l'interprétation de ces pages admirables nous laissait tout de même un très bon souvenir, épique et mélancolique, et refermait comme il se doit ce concert tout en technicolor.

Crédit photographique : © Tanja Ahola

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