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Tomorrow, in a year : Darwin en musique pop

S'ouvrant à la création contemporaine, l'Opéra national de Lorraine a fait venir du Danemark le spectacle Tomorrow, in a year, crée au Théâtre Royal de Copenhague le 2 septembre 2009 par la compagnie sur une musique du duo danois électro-pop The Knife (composé des frère et sœur Karin et Olof Dreijer), à laquelle ont collaboré les berlinois Matthew Sims (alias Mt. Sims) et Planningtorock.

s'est gagné une certaine réputation dans la production de spectacles conceptuels et expérimentaux, souvent à thème scientifique ou du moins issus d'»une vision scientifique du monde». Ainsi, Tomorrow, in a year puise son inspiration dans les travaux et les textes de Charles Darwin sur l'évolution, dont le célèbre L'Origine des espèces. Cet «opéra électro-darwinien» s'articule en quatre parties – 1. Le voyage de Darwin à bord du Beagle en Amérique du Sud, 2. L'histoire d'Annie, fille du naturaliste morte à dix ans, 3. La publication de L'Origine des Espèces, 4. De nos jours – et vise à intégrer musique, sons, lumières, architecture du décor, audiovisuel, chant et danse pour créer un univers permettant au spectateur d'»appréhender le sujet de façon nouvelle».

Théâtralement parlant, ce qui nous est donné à voir n'a rien de révolutionnaire ; un mur mobile de briques lumineuses, un écran pour des projections vidéos ou l'inscription des phrases clés de Darwin, des projecteurs en rythme avec la musique, une abondance de fumigènes et de lasers, des personnages déambulant lentement et sans but apparent. Issue du monde de l'opéra, Kristina Wahlin en narratrice des temps ancestraux développe (fort bien) ses longues mélopées ou son chant syllabique. Seul protagoniste identifiable, Jonathan Johansson capte l'attention et séduit avec son Darwin à la voix rauque. Troisième intervenant vocal, l'actrice et chanteuse Laerke Winther demeure plus effacée et conclut le spectacle un peu abruptement avec le song «The Height of Summer» sans grand relief. La part belle est faite à la danse, aux mouvements saccadés très inspirés par le hip-hop –quoiqu'on y croise les pointes et les arabesques d'une danseuse classique–, curieusement dépourvue d'énergie et dont la justification dramaturgique reste le plus souvent obscure.

Tout ce petit monde se croise, échange des regards, interréagit très peu. On renonce rapidement à tenter de comprendre le rapport entre l'argument de départ, le texte et les tableaux qui se succèdent en scène. Dès lors, le spectacle possède un pouvoir hypnotique certain, auquel la musique contribue incontestablement. Mêlant des influences diverses, intégrant des bruits variés (cris d'animaux, pluie, tempête), la partition toujours euphonique de The Knife débute sur une musique très statique puis s'anime en rythme (jusqu'aux tempos de la techno), en couleur et en variété et ménage quelques jolies réussites comme l'entraînant «Seeds» ou l'entremêlement fascinant des voix de «Variations of bird». De la musique efficace et sympathique, plutôt facile à écouter, mais qui ne saurait prétendre aux recherches et avancées parfois arides de la musique contemporaine.

Un peu prétentieux dans ses intentions, Tomorrow in a year n'en constitue pas moins un spectacle travaillé et partiellement abouti, plus show électro-pop qu'authentique opéra du XXIème siècle et qui a le bon goût de ne durer qu'une heure et vingt minutes pour ne pas lasser.

Crédit photographique : photo © Quaternaire

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