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La culture pour chacun : mais où est la télévision ?

Edito

Vendredi dernier s’est tenu le «Forum Culture pour chacun / pour tous / partagée». Un petit glissement sémantique pour effacer la grosse bourde du rapport du ministère de la culture de novembre dernier. Passons sur les difficiles négociations entre syndicats – qui bloquaient l’entrée – et les organisateurs. Les premiers voulaient juste se faire entendre ; il n’aura fallu que deux heures pour que les seconds le comprennent enfin.

Parmi les divers invités il y avait un grand absent. Pas les associations culturelles, ni les festivals, structures, producteurs, ni même les ministères (culture et éducation nationale). Mais où est passé l’audiovisuel public ? Certes, Thierry Beauvert et Marc-Olivier Dupin étaient annoncés dans les diverses tables rondes, mais ni l’un ni l’autre ne sont maintenant aux commandes des forces musicales de Radio-France. Bruno Patino (ex-France Culture, maintenant France Télévisions), annoncé lui aussi, n’est pas venu participer aux débats.

Car si le principe de la «culture pour chacun», repris à Malraux, consiste à créer des lieux – maintenant aussi virtuels – où chacun pourra se repaître de culture, la télévision est le lieu rêvé.

Pour l’instant le bilan est maigre. Certes il y a Arte et quelques très rares chaînes du câble ou du satellite. TF1, France 2 et France 3 font bien leurs quotas de culture, mais de préférence après minuit, quand ce n’est pas au beau milieu de la nuit. A des heures plus décentes, une annuelle Victoire de la Musique classique, une pièce de théâtre en studio et en direct trois ou quatre fois l’an, des formats courts de 2 à 3 minutes avant ou après les infos du soir. Mais rien de plus, pas d’émission de l’actualité culturelle – Christophe Hondelatte a voulu s’y essayer, en trois mois l’affaire a été réglée. Parfois un opéra est en direct depuis Bastille ou les Chorégies d’Orange. Et là encore qui voit-on présenter ? Les mêmes têtes depuis presque 40 ans, Eve Ruggieri et Alain Duault. Le renouveau est en marche …

Alors que la «fracture numérique» est une réalité, l’objectif actuel de la politique culturelle est de créer des banques de données sur Internet. Louable intention, qui ne peut éviter le risque d’une «culture institutionnelle». On oublie simplement que l’objet présent dans tous les foyers n’est pas (encore) l’ordinateur mais le poste de télévision. Et la culture pour tous, chacun devant son poste de télévision, ce n’est pas encore pour demain. La preuve : Pierre Sled, nouveau directeur des programmes de France 3, a décidé de supprimer « Des mots de minuit » de la grille…

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