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Stéphanie d’Oustrac, la comédienne & la chanteuse

Autour de La Voix humaine, opéra pour une voix de femme d'une quarantaine de minutes composé par Poulenc en 1958 d'après la pièce de Cocteau, le metteur en scène a rassemblé deux autres pièces issues de l'œuvre de Cocteau qui mettent également en scène deux femmes qui se consument : celle du monologue lyrique La Dame de Monte-Carlo et celle du monologue Le Bel indifférent (ici donné dans sa forme réduite écrite par Cocteau : Lis ton journal. )

Ainsi surgissent tour à tour, au travers de ce court spectacle, la douleur de trois femmes : l'une s'étourdit dans le jeu à Monte-Carlo afin de tromper sa solitude, la seconde est dévorée par la jalousie et apostrophe un homme tellement indifférent à sa douleur qu'il est même absent de la scène tandis que la troisième reste insupportablement résignée face à la rupture que lui impose, par téléphone, un amant que l'on imagine.

La Dame de Monte-Carlo est l'occasion pour Stéphanie d'Oustrac de faire preuve de sa diction transparente de diseuse, le monologue parlé Lis ton journal de ses talents de comédienne, deux exercices de style réussis comme deux préambules à la prestation impressionnante qu'elle livre avec La Voix humaine.

Le travail du metteur en scène et de la chanteuse forcent le respect, tant sont travaillés en détail l'incarnation scénique et l'inflexion vocale proposés pour chaque bout de phrase. Chaque blanc – lorsque son amant, que nous n'entendons pas, lui répond – est chargé d'une intention qui se lit sur le visage de la chanteuse lorsqu'elle ne chante pas et dans la couleur de sa voix lorsqu'elle reprend la parole. On ovationne la mezzo et son pianiste attentif, ainsi que le metteur en scène et son équipe, on applaudit poliment une scénographie plus anecdotique.

Crédit photographique : Stéphanie d'Oustrac (La Femme) © Amélie Kiritzé-Topor

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