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Brahms par Murray Perahia, une très grande interprétation

L'art de se caractérise par une grande sobriété de l'expression, alliée à une technique irréprochable et une intime compréhension des œuvres, ainsi que nous le montre encore ce nouvel enregistrement d'œuvres pour piano de .

Le programme choisi est tout public : aucune découverte, pas de curiosité, mais une succession de tubes, entre grande forme et instantanés.

Pour ceux qui avaient eu la chance de les entendre en récital, les fameuses Variations gravées sur cet enregistrement sont à l'image de la prestation passée du pianiste au Théâtre du Châtelet. privilégie la grande forme, sans jamais pour autant sacrifier les détails. Au fil de l'écoute, l'ambitieux projet du compositeur se dévoile, cependant que les instants qui se succèdent font alterner l'élan passionné et l'intermède plus gracieux ou rêveur ; la fugue finale quant à elle est tout bonnement irrésistible. Il s'agit là sans aucun doute d'une très grande version de cette œuvre.

Le reste est à l'avenant, avec une mention spéciale pour les Klavierstücke op. 118. D'inspiration plus grave que les pièces op. 119, chacune d'elle est un petit bijou de raffinement : les détails sont ciselés et révèlent la richesse de la polyphonie, des couleurs harmoniques. Le deuxième Intermezzo est ainsi l'occasion d'une plongée toujours plus profonde dans le piano, cependant que la dernière pièce exemplifie l'ampleur et la maîtrise de la dynamique, par ailleurs à l'œuvre tout au long de l'enregistrement. Les deux Rhapsodies op. 79 enfin sont abordées dans des tempi assez poussifs, tempérés par une science du rubato particulièrement bluffante. Jamais vulgaire, il est ici employé à bon escient, pour mettre en valeur la ligne mélodique.

On l'aura compris, cet enregistrement est d'une rare intelligence quant à la qualité de l'interprétation, et l'on se réjouirait qu'il marque le début d'une intégrale. Une remarque néanmoins quant à la composition du programme : il eut été intéressant de mêler ces tubes à des pièces un peu plus rarement jouées, et surtout de faire figurer les Variations en conclusion plutôt qu'en ouverture ; il faut bien avouer que la tapageuse Rhapsodie op. 119 n'offre qu'une fin en demi-teinte à cet enregistrement.

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